Vous lisez
puisqu'il faut écrire
pour amuser la patrie
je ne penserai pas à théoriser
l'ironie du viol dit accidentel
que subit un orifice français
par la police
puisqu'il faut écrire
pour distraire la patrie
je ne penserai pas non plus
au processus structurel
de déshumanisation du "noir"
depuis des siècles
puisqu'il faut écrire
pour caresser la patrie
sans la mettre à poil
je ne parlerai pas
de toutes ces productions
d'images allergiques
aux narrations qui élèvent véritablement
l'humain à teint foncé
je me contenterai gentiment
des écoles, des films, des musiques,
qui subtilement ou pas
aiment me confier
une place subalterne
dans des tableaux coloniaux
des fresques au mental esclavagiste
datant d'hier et d'aujourd'hui
puisqu'il faut souscrire
à cette obligation d'apaiser
une nostalgique patrie
je mettrai de côté
l'inspiration d'écrire
des histoires complexes
d'héroïnes africaines-européennes
de héros africains-européens
des temps modernes
l'inspiration de montrer
d'autres pistes du pouvoir
à la portée de tout le monde
qui a su traverser
la ligne de départ
d'une année 2017
à pied
forcément
depuis que
Naithy-Nelson
se fait
impunément
poignarder
dans un bus De Lijn
en Belgique
non
puisqu'il faut minimiser tout cela
je ne décrirai aucune dérive patriotique
j'irai juste jouer
mélancolique
dans la cour
un peu de
bamboula