Poètes :

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Titres en L

L’homme incendie
L’autre zoo
Lettre ouverte
L’air partagé
Langue de bois
L’enfer des apôtres
Les ogres sont nos amis
Libido
Légende
L’oubli en héritage
Le mâle s’enracine
La grève des N.
Le fond et la forme
La mère des mers
Légers
Le mythomane
Le monologue d’Angela D.
L'église du bijoutier
Le bruit des poils dans sa main droite
L’amie des Noirs
La faim du gigolo
La réserve
La valeur des disparus
Le chuchotement des forêts
Le lion, le soleil et le loup
L'inquiétude des jours nouveaux
L'orgasme d'une déesse
Lumière éteinte en sortant
L'écrit vain du bamboula
Langues de bois
L'orage
L'envie
Là où est le bonheur
Les naufrages endormis
Le lait des dragons
La récolte
L'arrivée
Le rêve du père
Les nuits sans café
L'air des bien-aimés
La passante
L'exode de l'ego
Loud
L'illusion du contrôle
Le blues du survivant
Lettre à l'aîné
L'Orage
La guerre des pôles
Larmes de crocodile
La course aux excuses
La valse des amants
La grève des papillons
Le colonisé du colonisé
Laisse Lucifer
La sainte famille
L'homme d'affaires
Le temps
Le jazz et la pluie
Les mous tombent
L'effort de paix
L'effort de guerre
Liquide amnésique
Le mari de la fleuriste
La gêne d'autrui
Le repos du guerrier
La Trace
La violence
Les mots
L'offrande
L'oubli
Le bout de soi
Le cycle des espoirs
La Palme
Liberté
La reconnaissance
La gravité
Les trous dans la peau
Le noeud du problème
La chute
L'alchimiste
La cicatrice
L'imposture
La voie du milieu
Lost
La caresse d'une flamme
Les petits rêves dans les grands
Le doute de l'écrivain
La blessure
L'émotif ambulant
L'origine du mal
Le petit déjeuner des grands
Le traceur d'horizon
La poule aux dents de lait
Les bisous de Grand-père
Les rivières rouges
La traversée
L'air du temps
L'oiseau bleu
Le borgne amoureux
L'arène des dieux uniques
Le patient du chirurgien
Le marteau et la plume
Le ciel déchiré
Le plus grand des jaloux
Lumumba
Le rêve
La nymphe aux manies
Le Petit Révolté
Le réveil des optimistes
Les yeux fermés
L'établissement
La grande sieste
Les mots sages...
La marque du temps
Le bien à la racine
Le paradoxe du caméléon
Le pied
La maison de repos
Les jours d'après
La ronde des mères
L'audience levée
Le monologue de Gabriel
La Norme
Les mots
Libre arbitre
Les deux hémisphères
L'esprit de contradiction
Le peu d'elle
Les démons de minuit
Les rivières inertes
Le mauvais oeil
L'aspirine n'y peut rien
La lettre du paysan
Le cri en tableau
Le temps perdu
L'appel intérieur
La dernière conversion
Le droit d'entrée
Lazy brother
La place des martyrs
L'essentiel
Let my people go
Lis tes ratures !
Lettre ouverte
L'Église de Sommeil
Le vieil homme
La nuit des fauves
L'inspiration
La nuit du soleil
Les attentes meurtrières
Lumière éteinte
La beauté du geste
Les deux
L'idée de mort
L'autre
Le son des cloches
L'être humain
Le palais
L'autre monde
La rage
Lien sacré
Langue morte
Liquidateur
Lune noire
Les découvertes
Le temps
Les maux dits
Le silence des croyants
Livraison à domicile
L'amour à vie
Là-haut
L'espion qui t'aimait
L'intrus
Le peuple applaudisseur
Le gardien de ses nuits
Libre oppression
Le marathon des mots
Le grand amour
La dérive
L'autre saison
L'enfance
La ligne d'un temps
Le silence des morts
L'envie
Les couleurs de la cible
La recette
La rumeur
Les tempêtes amoureuses
La rancune
Le chauve sourit
La cavalerie
La rose
L'oralité
Le tunnel blanc
Lacrymale
La réserve
L'eau de Rose
L'esprit commando
La démarche
L'espoir fait vivre
Le mendiant
Le trophée
L'empire du silence
La guerre des nerfs
Le client est roi
L'école d'une femme
Le chercheur
L'anniversaire
L'orateur
L'esthéticienne
La marque
La cour des grands
La peur d'aimer
La patience du mendiant
La solitude
Le fond de son teint
Lynché(e)
L'échappée belle
La guerre des mondes
Le chiffre des anges
Le doute
Lune de miel
Les fleurs du mal
La masse critique
L'aube

Vous lisez

La Trace

Nganji,  le 23.01.2015


si je vous disais où je suis né
vous ne me croiriez pas

pourtant

je suis né au milieu du lac Tanganyika

un soir d'hiver
comme on dit chez vous

dans mon plus vieux rêve
j'écoutais attentivement
Kimpa Vita
et
Patrice Lumumba

j'écoutais les proverbes qu'ils échangeaient

un d'entre eux me poursuivit jusqu'au réveil

ce proverbe disait ceci

les marques du fouet disparaissent,
la trace des injures, jamais

je voulais retrouver les liens qui m'avaient empêché
de me noyer
au milieu du lac Tanganyika

je voulais retrouver la mémoire des miens
morts sans nous avoir raconté
leur version de l'histoire

leur version des indépendances
avant
la colonisation

avant l'invasion barbare
du triple C
Commerce Civilisation Christianisme

triple couverture
pour l'extermination mentale et physique
du coeur de l'Afrique

vous savez

quand les vainqueurs se protègent entre eux

ils s'installent dans de hautes tours
pour s'éloigner un maximum des marques du fouet
et
de l'odeur des crimes contre l'humanité

malgré les silences sourds qui les entourent

je me souviens que des belges confisquaient nos ressources
avec la complicité des congolais

ou serait-ce le contraire ?

dans tous les cas
on a remis à mes héros la clé d'une maison vide

vide parce que leurs idées
ne plaisaient pas à l'occident
durant la guerre froide

vide parce que l'unité nationale
n'allait pas dans le sens des intérêts
impérialistes

je suis né au milieu du lac
avant que le Congo ne s'appelle Zaïre

mes soeurs, mes frères et moi

étions fiers d'affirmer notre authenticité

fiers de nos vraies couleurs de peau

fiers des cheveux qui poussaient sur nos têtes

sans aucun doute sur qui nous étions

sans aucun doute sur les marques du fouet
appelées à disparaître

pour ceux et celles qui ne pouvaient pas
ou ne voulaient pas s'élever matériellement
il y avait l'élévation spirituelle

il reste encore des cultes qui calment nos blessures
des cultes qui effacent la trace des injures

on y avale des aspirines
sous forme de prières

il faut bien cela pour faire passer nos douleurs
nos hantises des actes manqués
et les innombrables preuves de mépris
pour nos nations en manque de véritables leaders


dans le coeur du corps du saint esprit

en attendant le paradis
on s'endort un peu

à force de travailler pour rien, on s'endort

et je comprends bien qu'il faille dormir

il faut dormir

il faut bien dormir avant d'aller
dans l'église du réveil
apprendre à chanter
au nom de plusieurs seigneurs

apprendre à danser
au nom de tous les seigneurs

afin d'accueillir la dé-mo-cra-tie

ou... peut-être... pas tout de suite...

ça dépendra des sponsors...

parlons plutôt de l'exploitation des ressources
si précieuses
pour la croissance de tous
à l'exception
de la majorité des congolais

vous avez vu ce qu'on peut faire avec des complicités externes ?

on a finit par désosser un peuple
pour le voir tomber et ramper

il a fallu déshumaniser ma couleur

il a fallu banaliser le sort des noirs
où qu'ils soient

pour ne plus s'émouvoir

pour ne pas s'émouvoir
de nos millions de morts violentes
à répétition


l'homme reste un loup pour l'autre

l'homme reste un loup
et encore plus loup
si l'autre est une femme

pourtant

c'est grâce à elles qu'on se lance
à la poursuite d'un paradis

c'est grâce à elles

les déesses

qu'on sait qu'il faut une guerrière
pour élever un guerrier

elles
les déesses qui savent si bien décrire
l'enfer qu'elles vivent
quand l'homme ne vaut rien

elles qui savent si bien décrire l'enfer qu'elles vivent
quand l'homme
n'en est plus un

des déesses
dans l'enfer qu'on creuse
à chaque fois qu'une femme est violée

l'enfer qu'on creuse
à chaque fois qu'une fille
est violée

l'enfer qu'on creuse à chaque fois
qu'un bébé
est violé

mes déesses savent vous décrire cet enfer

mes déesses connaissent cet enfer

elles connaissent l'enfer

il ne faut pas leur en vouloir
si elles ne veulent pas y rester

qui voudrait y rester ?

l'enfer c'est pas les autres

l'enfer c'est ce que vivent les autres
quand on décide de leur tourner le dos

leur tourner le dos pour les laisser brûler

pour les laisser brûler elles et leurs bébés

cela ne devrait donc pas vous étonner
que j'ai préféré naitre
au milieu d'un lac

que j'ai nagé toutes les nuits
pour survivre

que j'ai nagé encore et encore
pour faire disparaître les marques du fouet

que j'ai nagé encore plus fort pour oublier
la trace des injures et des condescendances de tous bords

comment
à force de ne pas enseigner la version africaine de l'histoire
voulez-vous que les enfants ne perdent pas leurs repères ?

comment expliquer à chaque enfant
qu'il est impensable d'indemniser les victimes
multi générationnelles de l'esclavage ?

comment leur dire qu'il est impossible de le faire
sans détruire des piliers entiers
de la civilisation occidentale ?

c'est ça aussi la survie

maintenir des privilèges par tous les moyens
honnêtes et malhonnêtes

par tous les moyens garder la main

et pas qu'une seule

mais toutes ces mains coupées pour nous rappeler
que l'histoire de la rencontre des peuples

n'est jamais très belle
quand on la regarde de près

il y a au moins un monde...

que dis-je...

au moins deux mondes
qui séparent
les grandes théories humanistes

de leurs minuscules applications au quotidien

mais ne désespérons pas

cela n'a rien de facile
mais j'y crois

l'identité plurielle, j'y crois

l'universel singulier
j'y crois dur comme fer
car je le vois tous les jours
dans des yeux de toutes les couleurs

c'est pour voir cela que j'ai nagé
nagé
nagé jusqu'à la rive

posé un pied à terre au nom de ma mère

posé un pied à terre au nom de mon père

 

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