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je l'ai vue portée
au visage de ma mère
dans le dos de mon père
au milieu des poussières
qu'il restait de sa terre
marquée par
les voix aiguisées
pour blesser
le subconscient
des descendants
nés depuis la danse
des conquérants
je l'ai vue saigner
à nouveau
tiraillée entre
les différentes ethnies
déclarées ennemies
devant le rideau
des manoeuvres
politiques
qui ne s'encombrent plus
d'humanité
elle s'est une nouvelle fois
ouverte
la longue cicatrice du passé
de l'homme devenu loup
pour tellement de motifs
odieux
criminels
pour l'autre
au sexe différent
pour l'autre
à la couleur différente
pour l'autre
au dieu différent
face aux lois immuables
du poids économique
indifférents
aux particularités historiques
des peuples déchirés
telle
cette longue cicatrice du passé
d'où coulent à présent
les maux-fleuves
qui inondent
chaque tradition
chaque avenir
chaque individu
chaque nation
placée sur l'échiquier
d'un monde devenu village
que pour les grands stratèges
que pour les princes de Machiavel
ou ceux qui les courtisent
en ces temps où
se battre à mains nues
n'est plus la norme
je cicatrise mal
le long des sillons guerriers
les mots changent
mais l'enjeu
reste le même
toi aussi
tu cicatrises mal
au fond d'une tranchée
mortelle à souhait
d'où l'être humain
essaie de s'élever
mais
le jeu
reste le même
conquérir le pouvoir
d'imposer ses propres règles
au plus grand nombre
officiellement
pour le bien de tous
conquérir ce pouvoir
ou faire des compromis
officieusement
pour le bien de tous
ceux qui conservent leur paix
en faisant la guerre