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déshabiller mon âme jusqu'au sang
avant d'y prendre le courage
de puiser la rage qui coule
dans toutes nos veines responsables
infantilisées par des politiques électorales
des audimats journalistiques
des réseaux sociopathes
et des illusions personnelles
en perte de pouvoir
en quête de reconnaissance virtuelle
en manque des coeurs tactiles
que l'on ne touche plus vraiment
que l'on caresse vainement
parfois doigts ouverts
parfois poings fermés
un peu comme ces frontières
qui pointent à l'horizon des barbelés
le long d'une mer
parfois fermée
parfois ouverte
comme une fracture sociale
parcourant le désert
à la recherche de cette mère porteuse
qu'appelle, de ses voeux, un migrant
peu importe si elle porte des gants
l'essentiel est qu'elle lui tende la main
au bout de la traversée
au bout des eaux avalées
assez salées
pour lui rappeler de ne pas perdre de vue
chacune de ses colères refoulées
dirigées vers les dirigeants
chacun de ses rêves émancipés
en voie d'être réalisés
dès qu'ils échapperont à la noyade
retrouver leurs esprits
dès qu'ils survivront à la noyade
les mettre en action
en attendant d'être sécurisés
au milieu des autres réfugiés
non reconnus
à l'abri d'une humanité
presque putride
pour l'apprenti apatride
n'ayant plus rien à perdre
depuis qu'il s'est ainsi
mis en danger de vie
sans le luxe de demander
un peu comme moi
comment faire
pour passer
sans visa
du statut menacé
d'immigré
à celui mieux prisé
d'expatrié