Poètes :

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Je ne vous dirai pas...

Vague-Abonde,  le 25.08.2011


Je ne vous dirai pas l'amour qui me submerge
La douceur éthérée d'une aube qui traînasse
L'impétueux roulis qui, parti de la berge,
Entraîne un corps mourant dans un fou face à face

Je ne vous dirai pas le poignard dans les os
Ni le bruit dans le dos qui fait qu'on accélère
Le bruissement interne du vol des oiseaux
Les cormorans fugueurs qui se saoulent de mer

Je ne vous dirai pas l'enfer des gens qui fuient
Le goût de la tristesse quand elle est contenue
Mes temps de fugitive et mes folles envies
De transcender les heures, de vagabonder nue

Je ne vous dirai pas l'orage survolté
Le bout de ciel en vrac qui pleure entre mes mains
Le baiser déposé sur des lèvres-fraisier
Et mes seins avalanche s'abattant sur ses reins

Je ne vous dirai pas l'amour au flanc des fées
Ces secrets que je broie plutôt que de les dire
Le langage incompris des êtres libres ou laids
Le murmure des émois, les douleurs qui empirent

Je ne vous dirai pas la chute vertigineuse
L'infini tournoiement de l'humain dans l'espace
Ni la trace fugace d'une yole hasardeuse
Qui se tue le regard à surveiller ses nasses

Je ne vous dirai pas le goût poisson grillé
Le pacifique intime d'un océan lointain
La fleur de rocaille,le pas lent, isolé
D'un enfant qui se pend au palan du destin

Je ne vous dirai pas le coeur désaffecté

Les rails sans issue et les voies de garage
Ni la rage affolante d'un monde qui bat violet
Et les corps violés, et les contrées sauvages

Je ne vous dirai pas bien sûr si j'ai tort
Ni mes failles pollen ni la braise des mots
Et le sable en poussière quand le vent est trop fort
Et qu'il s'immisce en tout même au coeur des tombeaux

Je ne vous dirai pas le rire qui explose
Eclaté en pépite qui roule roule roule
La couleur irisée de ce rire eau de prose
Qui plonge nu en nous et la soif qui en découle

Je ne vous dirai pas la montée de l'échelle
Infiniment trop haute, infiniment trop bois
Aussi la vida bella, la vie qui en sort, celle
Qui ensorcelle tout et vous livre, aux abois

Je ne vous dirai pas la joie de vous connaître
La caresse encore vierge d'un oeil qui vient de naître
Et au fin fond des jours et aux confins des nuits
L'envoûtant son que fait le corps quand il jouit

Je tairai tout autant la discrimination
Incessamment subie par l'hémisphère droit
L'implacable gelure, l'atroce glaciation
Quand la passion se meut en un pieu dur et froid

Je ne vous dirai rien de ce qui me fracasse
Ce qui me tue, me glace, m'effraie, me nuit, me lasse
Ne dirai pas non plus la joue mouillée émue
D'être si malheureuse de l'avoir perdu.....

...Je vous dirai pourtant comme vous m'êtes précieux
Comme le chagrin aux yeux n'est plus qu'un éphémère
Quand, m'imprégnant du chant de vos coeurs valeureux,
De votre présence douce je me nourris, légère...

 

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