Poètes :

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Dernière inspiration

Crise de nègre

Pitcho,  le 17.01.2012


Un jour de décembre
Au coeur des ténèbres
Je suis sorti des cendres
Sans savoir que j'étais nègre
En quelque sorte innocent
Les seins de ma mère, j'y tenais
Mais la vie m'a séparé d'elle
De mon jardin d'Eden
De ma famille d'ébène
De mes soeurs si belles
De mes frères de peine
Tout ça car papa
Ne voulait pas
Marcher aux pas
Alors, il est devenu la proie
Du roi Léopard
On a dû quitter la jungle
Et aller voir autre part
On a traversé la mer
Atterri dans la merde
OK pour dire vrai au début ça allait
La découverte fut chouette, mais l'addition fut salée
Bloquer ici j'ai vu mon père se laisser aller
Passer ses journée à ne faire que râler
Et ma seconde mère nettoyait les chiottes
Pour mon frère et moi, l'école fut le premier choc
Nos premiers profs avaient du mal à prononcer nos noms
Preuve qu'ils auraient du mal à nous trouver normaux
Blessés profondément dès leur premier mot
On a compris qu'on aurait du mal à pénétrer leur monde
Et à fréquenter leurs mômes


Dans tout ce bordel je cherche ma place
Je n'arrive pas à la trouver et ça me tracasse
Au bord de la crise de nerf
J'ai développé une crise de nègre
Quand j'en parle on me dit que j'exagère
Mais dans le fond ça me fait mal et il faut que je la gère
J'arrive pas à l'avaler donc il faut que je la gerbe
Ma crise de nègre


La première fois qu'on m'a dit que j'étais noir
Je l'ai pris pour une insulte
D'ailleurs le gosse qui m'a dit ça, j'ai traité sa mère de pute
Et sa mère m'a crié dessus en me disant que je n'étais qu'une brute
Ce fut le début de ma lutte
Des combats à mains nues
Des blessures au menu
J'avais 7 ans et pour certain un petit Satan
Paraît qu'avec le temps, la rage s'étend et puis s'éteint
Et moi j'attends
J'ai la trentaine
Passé par tant de haine
Et tant de questions sans réponses
Malgré les tentations, je n'ai pas encore jeté l'éponge
Malgré les tonnes d'actions
J'ai l'impression
Que pour les miens, il n'y a rien qui change de toutes façons
Me parle pas de manque de pot
Quand la nôtre se voit de trop
Se voit tellement de trop que certains
S'éclaircissent le teint
À la recherche d'un élixir certain
Pour conjurer le sort
Au lieu d'avancer ensemble et de conjuguer l'effort


Dans tout ce bordel je cherche ma place
Je n'arrive pas à la trouver et ça me tracasse
Au bord de la crise de nerf
J'ai développé une crise de nègre
Quand j'en parle on me dit que j'exagère
Mais dans le fond ça me fait mal et il faut que je la gère
J'arrive pas à l'avaler donc il faut que je la gerbe
Ma crise de nègre


Le silence de nos parents
Est éloquent
Pour eux depuis longtemps
Le modèle était le blanc
Donc pour nous
Suivre le modèle était le plan
Finalement
On s'est trouvé sur les mêmes bancs
Portant les mêmes vêtements
Se fréquentant plus souvent et pourtant
Toujours ce sentiment d'être impotent
De croire que le reste nous trouve si peu important
D'où nous vient ce complexe
Quand on parle de nous
Tout devient complexe
Toujours cette impression qu'il n y a que les nôtres qu'on oppresse
Qui vivent mal et qui ont presque une vie de clebs
Qui possèdent un futur qui obsède car laisse trop perplexe
Un futur qui empêche de briser les chaînes
De ne plus courber l'échine
De monter sur l'échelle
De ne plus voir les signes
D'espoir que dessine
Le sourire de nos mômes
De croire que c'est possible de réussir sans faire l'aumône

Ceci n'est pas un cri de colère
Ici il ne s'agit plus de couleur
Mais ici, il s'agit bien de douleur
Enfouie au plus profond de mon coeur

 

Commentaires

Filozof, 17.01.2012

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