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Du Burkina jusqu'en Tanzanie
De l'Angola jusqu'en Ethiopie
Des touristes astiquent leurs vestes anthracites
Des parcours en barques, ici, tout est compris !
Des véhicules tout terrain camouflés
Tentent de visiter la tribu Batéké.
Afrique, où est mon Afrique ?
Ne change pas je t'en prie.
Pluies abondantes et températures élevées
Forêts dévastées jusqu'au fleuve Ogooué.
Maman, es-tu toujours au village ?
Près de mon Oncle que l'on dit sage ?
Dans ma chambre ici, pas de masques suspendus
Je ne suis pas bien, j'ai du mal... Si j'avais su !
Je vis dans cette ville, "Brousse elle"
Un Pays aux multiples carrousels
Quartier d'Ixelles, rien à regretter
J'avais des idées, je me suis trompée
Je suis Africaine, certes
Je voulais vivre mes rêves
Une Expat sans failles
Fallait que je m'en aille
Importée sans papier
Prise en charge assurée
Hyper Black depuis trente ans
Africaine de là-bas à 100%
Fière de l'être et sans complexe
Peut-être que parfois ça blesse
Qu'est-ce que je fais ici ?
Eloignée de mon pays
Chaque matin, je prends le métro
Pour me rendre à mon petit boulot
Je colle des timbres pour des envois
Un job comme ça, pour quelques mois
Le soleil ne brille pas et le ciel est gris
Au centre-ville, on entend même des cris
Ici la police verbalise si tu passes une ligne blanche
En cas de viol, pas grave, c'est dix heures d'attente
Dans le train, je vois des gens tristes le matin.
Ils transportent hors de chez eux leurs chagrins
Brigands et gangsters courent dans le préau.
Débandade, civilité perdue et tolérance zéro
Délinquants de carton, laissez-nous vivre en paix !
Nos filles et garçons de couleurs, tu les laisses
A 23h00, place Saint-Géry en direction du Ring
Tu nous agaces, tes airs de "c'est moi le King" !
A bord de ta BM de "M" et ta musique de "C"
Fais ton cirque ailleurs, bouge ! il est tard.
Je me suis emportée cette fois-ci !
Peu importe, je dis ce que je vis.
Si tu savais à quel point je voudrais revoir les miens
Au pays, ma mère, ma soeur et mes grands cousins
J'ai un manque de couleurs, de sable. Où est mon passé ?
Un manque de poussière, de désordre, de routes dégradées
Un manque de ciel bleu, de tons orangés
De sourire, d'humainité et de fraternité
Faut que je m'en aille, faut que je revienne
Je veux ma vie d'avant, plus la mienne
Tu me dis qu'il faut toujours marcher jusqu'au point d'eau.
Peut importe, j'y retournerai même par temps trop chaud.
Branchages, comme de coutume, je ramasserai
Nous ferons à nouveau nos légumes cuisinés
Attends-moi encore, je t'en prie maman
Nous partagerons nos plats comme avant
Mussolé, attiéqué et kansaga,
Bananes plantain et saka saka
Attends-moi, je n'en peux plus ici...