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J'appris à ne plus avoir peur de l'orage dans les bras de ma soeur,
Devenue mère avant l'âge, unis à jamais par la même douleur.
J'avais des tantes, il y avait des voisines, et peut-être même d'autres femmes,
Toutes heureuses que je leur dise « Maman ».
Mais mon coeur s'assombrit, car je n'en veux qu'une, et j'en ai presque cent.
Plus je grandis et plus elle me manque,
Je me sens amputé dans ma chair.
Son départ est toujours nappé d’ombre,
J'oscille entre culpabilité, rage et colère.
J'ai du mal à l'exprimer, car devenu homme, je ne peux plus pleurer.
Ça me rend barge ; ça me détruit, et renforce les préjugés
Voulant qu'un enfant sans mère finisse paria de la société.
Mais à force de me battre, j'ai fini par trouver
Que dorénavant la danse sera mon exutoire.
Danse légère, presque aérienne quand j'exprime mon bonheur,
Sur du Koffi, du hip-hop, ma musique a mille facettes.
Danse folle proche de la transe quand je veux dire mon mal-être,
Je me jette sur le sol, et dans la poussière j'hoquette.
Papa l'a dit, je ne danse plus, je fais de l'art.
Un jour, une femme m'a donné la vie,
Et le lendemain, elle n'était plus.
Couché sur la scène, chaque goutte de sueur est pour elle,
Ainsi que ma joie et vos applaudissements.