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Ici, rien ne va plus.
Le quotidien est pesant
L'espoir n'y est plus
Tout est sens dessous dessus.
Ici, rien ne va plus.
Le bonheur m'est exclu
Tout fout l'camp
Tout est foutu.
En restant au pays,
J'ai dix chances sur dix
De rater ma vie
Comme bien des aînés
Qui battent le pavé
Faute d'avoir fait florès.
En quittant le pays,
J'ai neuf chances sur dix
De courir de graves périls
A en croire les récits
De ceux rentrés au pays
Mieux vaut rester en lieu sûr
Plutôt que d'aller se taper la tête
Contre un mur.
En allant là-bas,
Les miens redoutent
De me savoir rester dans la pénombre
À défaut de trouver ma voie
Comme certains de mes pairs
Qui ont mis les voiles
En lâchant la proie
Pour l'ombre
Mais pour l'heure,
Vogue la galère !
Pour moi, ici point de salut.
L'avenir y est sombre
Et je ne vois pas d'issue.
Si je reste ici,
Je finirais amer et aigri
En étant bourrelé de remords
Comme bien des aînés
Qui ont accepté leur sort
Comme une fatalité.
Ici, les mots sont plus de fiel
Que de miel
Et les rêves n'ont plus d'ailes
Les uns jouent à la marelle,
Les autres attendent
Que la manne tombe du ciel
Et nombre de frères
Tirent des plans sur la comète
Quand ils n'enfilent pas des perles.
Plutôt que rester
De tenter de conjurer le sort
J'ai choisi de changer de décor
Là-bas se profile un milieu ouvert,
Mais j'appréhende de faire
Contre mauvaise fortune bon coeur
Comme certains de mes pairs
Qui sont allés chercher la vie
Loin de la mère-patrie
A en croire les récits
De ceux qui rentrent au pays
Les plus chanceux
Font le pied de grue
Entre quatre murs
Dans l'attente
D'un titre de séjour
Les moins chanceux
Finissent dans un charter
Sur le chemin du retour
Mais pour l'heure,
Advienne que pourra !
En allant là-bas,
J'ignore ce que le destin attend de moi,
Seule ma ténacité guidera mes pas
Comme certains de mes pairs
Partis au diable vauvert
Pour peindre l'avenir sous de belles couleurs.
Là-bas n'est certes pas un paradis,
Mais j'ai ouï-dire que l'herbe est plus verte qu'ici
Alors, je foulerai ces contrées à tout prix
Là-bas est peut-être un mirage,
Mais si le monde n'est plus qu'un village
Alors, je franchirai ses allées sans ambages.