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Habiles en affaires tels des usuriers
Par milliers débarquèrent des négriers
Pour emmener au loin des Bois d'ébène
Tenaillés par l'émoi et la peine.
Pour l'Or Noir parqué tel un troupeau
Et à fond de cale dans des bateaux,
La traversée fut une autre paire de manches
Après la marque au fer rouge et la cravache.
Des champs de coton
À la Maison-Blanche,
Il eut de sanglantes insurrections
Comme du temps de Nat Turner semant la terreur,
La révolte par les armes
Et la vengeance dans le coeur.
De la case de l'oncle Tom
À la Maison-Blanche,
Les rapports entre esclaves et maîtres
Furent une autre paire de manches,
Rien ne fut aise pour des Tête-de-nègre
Relégués au rang de bêtes de somme.
Des champs de coton
À la Maison-Blanche,
Par d'épaisses branches
Furent anéantis des foyers de révolution,
Fallait du courage à revendre
Et de la poigne en échange
Pour se relever et conquérir la liberté
Que les chants faisaient espérer.
Sur la terre de la liberté
Et la patrie des braves
Où des Africains furent déportés
Pour être réduit à des larves,
Des hommes et des femmes
Se sont battus corps et âme
Pour retrouver leur dignité
Et affirmer leur identité.
Des champs de coton
À la Maison-Blanche
Quatre cents ans de marche
Se sont écoulés sur la glèbe et le béton
Où des Gens de couleur
Connurent tant de douleurs,
Avant que siège à la cour des grands
Un Noir comme 44ème président.
De Gorée
À la Maison-Blanche
Où un lot de gorets
Furent du côté du manche,
Les vents du changement
Ont installé à la cour des grands
Un Afro-américain, le temps
De souffler un court instant.
(Extrait du recueil de poèmes : Ma Plume, mon exutoire/Malik Bee)