Poètes :

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Dans La Froideur De La Nuit

Alice Catherine,  le 27.03.2013


Ça fait vingt minutes que je tourne,
Et je ne la vois toujours pas.
Pourtant, sous cette pluie,
Elle n'a pas dû aller bien loin.
Je roule en seconde pour être certain de ne pas la louper,
Les gouttes d'eau sur le pare-brise reflètent la lumière des phares,
J'ai les yeux fatigués par le ballet des essuie-glaces.
Je m'arrête, et je réfléchis,
J'ignore chez qui elle a pu aller à cette heure-ci.
C'est le quatrième resto qui ferme,
Les gens en sortent sous des parapluies.
Je n'ai plus de clopes, et ça m'énerve.
Les stations de métro sont fermées maintenant,
Elle doit bien marcher quelque part.
Je passe la troisième sur le boulevard,
Puis je tourne à droite, et je ralentis.
Je scrute chaque mètre de trottoir,
Mais il n'y a que de la pluie sur les pavés.

Ça fait plus d'une heure que je tourne,
Et je ne la vois toujours pas.
Je repasse le fil de notre soirée,
Et je ne comprends pas pourquoi elle s'est tirée,
J'avais sorti le grand jeu,
Et ça ne me ressemble pourtant pas,
Mais qu'est-ce que je n'aurais pas fait pour elle...
Il y a une silhouette, plutôt une ombre,
Je fonce avant de la perdre de vue,
J'arrive en trombe devant la porte qui se referme,
Ce n'était pas elle ; je fais demi-tour.
J'ai acheté des trucs dans un night-shop,
Si je devais encore longtemps poireauter.
J'ai discuté avec le type, évidemment, il n'a rien vu.
Au feu rouge, je me rallume une clope,
Et je me bois un coup de vodka.

Ça fait plus de deux heures et demie que je tourne,
Et je ne la vois toujours pas.
Je croise encore une patrouille de flics,
La nuit, il n'y a qu'eux et les putes dehors.
Il pleut toujours, j'ai la vue trouble,
Et les pensées aussi.
Je suis à plus de dix bornes de chez moi,
Je ne sais pas si elle a su faire tout ça à pied.
Un gars marche au milieu de la rue,
J'ai failli méchamment me le choper.
« Petit con, va, j'ai des trucs à faire, moi ».
Il faut que je la retrouve,
Je ne peux pas la laisser filer.
La bouteille vide roule à mes pieds,
Je me suis brûlé avec mon briquet,
Tout ça pour elle, dans ma bagnole, sous la pluie.
A cinquante mètres, il y a un banc,
Je m'arrête, je crois que c'est elle.
Je sors, la rue est en pente,
En tout cas, je ne marche pas droit.
Elle me dit qu'elle a pété son talon.
Elle est toute moche, son maquillage sur les joues,
Et ses cheveux dégoulinent.
J'étais taré de la rechercher,
J'aurais dû la laisser partir,
De toute façon, c'est une salope,
Elle crie comme une salope,
Et ça m'énerve de l'entendre beugler.
« C'est la nuit, chhttt, les gens dorment »,
Elle me mord, la chienne,
Mais prends ça, et ça, et celui-là encore,
T'en as pas assez ?
Faire chier son monde, pour ça t'es forte,
J'ai cassé mon bracelet quand je t'ai tapée.
Je retourne à ma voiture,
Et lui demande de se ramener.
Non, mais tu crois qu'elle se bouge ?
Madame préfère rester coucher par terre sur le sol, recroquevillée.
Je lui dis que je ne me répèterai pas,
Mais il n'y a rien qui bouge dans cette putain de rue,
Si ce n'est les lueurs bleues des voitures
Qui m'encerclent, et de l'ambulance qui suit.
J'ai le bitume contre la joue, et un genou dans le dos,
Je suis jeté dans leur combi sans ménagement.
Avant de comparaitre, je dois dégriser,
Il fait froid en cellule, j'en ai marre.
Elle m'a vraiment bousillé ma soirée,
J'ai tourné plus de trois heures pour la retrouver.

 

Commentaires

Chris Levo, 09.04.2013
nermin, 30.03.2013

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