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Les jurés de ta raison se sont prononcés,
En se fondant sur la loi de la raison et non celle de l'amour,
Me condamnant à la majorité,
A l'issue d'un vote à un seul tour.
Mes avocats ont plaidé en épuisant tout ce que le verbe a de brillance,
Le procureur de ton coeur a plaidé l'acquittement comme sentence,
Les témoignages n'ont été qu'accumulation en ma faveur,
Et j'attendais dans le box sans aucune peur.
Mais les jurés de ta raison sortirent lentement,
Me toisant froidement,
Comme un film au ralenti,
Ils m'envoyèrent dans les geôles de mon espoir anéanti.
Dans un dernier soupir,
Le juge lut le verdict d'une voix qui tremblait,
Car ma condamnation était en point de mire,
D'une procédure bâclée qui me lésait.
Madame le juge elle-même n'était pas convaincue,
Par un délibéré aussi expéditif,
Et par un verdict aussi rapidement pondu,
Qui m'envoyait dans la plus célèbre pièce du château d'If.
Aujourd'hui au fond de ma cellule humide et glaciale,
La profondeur de mon désespoir est abyssale,
Mon corps rongé par les rats flétrit dans le noir,
Et mon coeur se consume dans les braises de mes déboires.
Entre les murs du chagrin, j'essaye de m'oublier,
Je rêve de mon cadavre enterré tout éveillé,
Loin de toi, je ressemble à un corps dépouillé de son âme,
A un homme dépouillé de sa femme.
Alors que j'agonise, j'entends frapper à la porte,
Le conseil de mon instinct m'annonce l'appel,
Que je dois introduire après que l'injustice soit morte,
Et avant que mon renoncement ne soit réel.
Je devrai retourner devant ton tribunal,
Avant que mon imprévisible coeur se durcisse,
Et que l'abandon m'emporte dans sa spirale,
Afin de garder l'espoir éternellement lisse.