Je l'ai vu cet homme au pantalon troué ; les 2 jambes plongés dans l'eau, pour pêcher quelque chose.
Je l'ai vue cette femme, avec ce fagot de bois sur l'arrière du vélo, pédalant à travers cette poussière rouge qui ne l'atteint même plus.
Je les ai vus ces enfants, dansant au loin, trop peureux pour m'approcher.
Je les ai vus ces visages creusés dans la poussière et la chaleur, un tatouage en forme de sourire, le ciel comme compagnon.
Je l'ai vue cette terre ravagée, asséchée, hurlante d'intégrité, silencieuse de dépit.
Je l'ai vue cette eau inaccessible regorgeant de mille fleurs jaunes. Cette chaleur de feu. Cette froideur débordante d'eau et de boue.
Je l'ai vue cette fièvre, ces bouillonnements des corps asséchés et tiraillés.
Je l'ai vue cette merde débordante.
Je l'ai vue cette humanité au fond des yeux rouillés.
Je l'ai vu ce ciel sans nuage qui nargue et appelle à s'agenouiller au plus près de la terre. Accentuer la distance de ce peuple brûlé, trop intègre pour pleurer.
J'ai vu mais je n'ai pu rien faire.