Chaque nuit, j’aperçois de magnifiques chevaux en face.
Sur la voie ferrée en bas de chez moi, puis ils s’effacent.
Parfois je me dis que mon corps va mal.
Je me lève trop tôt, est-ce bien normal ?
Aurais-je une araignée dans la tête ?
Un mal être, une peur de disparaître ?
Parfois j’ai de drôles de sensations.
Du mal et du bien, tant de questions.
Parfois je me sens un autre, ce n’est plus moi.
Devant le miroir, tard, je me déguise en léopard.
Je décore ma pièce avec soin, de façon originale.
Je joue un rôle. Je suis sûr, ce sera dans le journal.
J’ai parlé de tout ceci à un ami et il m’a dit :
-“Faudrait que tu consultes, c’est mon avis”.
-“Faudrait que tu remettes tes idées en place”.
-“Faire un grand nettoyage, ôter tes crasses”.
-‘Tes pensées loufoques, faut que ça parte”
-“Besoin d’une thérapie efficace, à la carte”.
Ma psy habite un grand château.
Pas une ruine, mais bien plus beau.
Dans la remise repose un vieux carrosse.
De vieux chemins avec trous et bosses.
On y rentre qu’en grande limousine.
Pour moi, cela me paraît bien difficile.
Fallait que j’en fasse encore bien plus.
Je ne serais pas toujours en autobus.
Une longue et très jolie allée en gravier.
Mène aux parterres de fleurs et rosiers.
Le jardin est d’une rare beauté.
Un endroit où l’on peut songer.
On ne peut pas y circuler à pieds.
Sur les pelouses, c’est indiqué.
Grâce au conseil de sa cousine.
Je passe souvent par la cuisine.
Ma psy nettoie souvent les escaliers de son entrée.
Pour rendre bien propre le passage de ses invités.
Moi, je ne suis pas convive, je suis son patient !
Elle m’attend déjà derrière son petit rideau blanc.
Elle me demande de prendre place.
Dans ce magnifique fauteuil-relax
Faut que je garde la tête haute.
Un peu comme tous les autres.
Être assis là aujourd’hui, c'est peut-être ma chance.
Elle m'écoute, note des mots et signes, bien étrange !
Simulation d’une première séance
Stimulation, faut que je me lance.
Ma psychanalyste canalise une liste
De choses franches qui me dérangent.
Elle cogite et agite un cocktail magique.
Elle me pose des questions tragiques.
Elle tente de faire en sorte que je m’en sorte.
Elle m’aide à mieux me connaitre, à renaître.
Je ne sais pas ce qu’il m’arrive.
Un premier rendez-vous et je revis.
Ce qui m’interpelle, c’est son doux parfum.
Faudrait que je revienne encore demain matin.
Faut qu’elle m’accorde une nouvelle séance.
Rien que d’y penser, c’est certain, j’en tremble !
J'ai bien envie qu'elle prenne ma place.
Dans ce magnifique fauteuil-relax.
Ce serait à son tour de chuchoter.
Ce serait à mon tour de l'écouter.
Je voudrais tant entendre quelques mots doux à mes oreilles.
Sentir ses bras autour de mon cou et puis qu'elle s'émerveille...