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Tous les matins, venus d'un monde lointain pour atterrir ici dans ce trou fait de frontières de jugements et de saletés. Je m'accroupie et observe.
Je scrute le Temps, et son manque de pitié presque cruel envers l'Homme.
J'analyse cet air encrassé, dans lequel nous pataugeons à pleines narines.
Je me regarde, moi, semblable à toi, à quelques détails près peut-être. Je me dévisage jusqu'à lire en moi, jusqu'à démêler les milles fils de ma toile pour percevoir une part de tendresse, une miette de bonté, une parcelle de générosité enrobée de haine, d'égoïsme et d'inconstance.
A aimer me lorgner j'en viens à me haïr, moi être humain. A vous aimer de haine, vous.
Tous les matins, je remercie mon Dieu de m'avoir accordé un jour de plus, un jour de plus, un jour de plus... Pourtant je dis souvent détester ces jours qui passent.
Tous les matins, je me plains de cette Vie que je mène, dépourvue de tous plaisirs, les yeux écarquillés vers le passé, on ne se remet pas de toutes les blessures.
Cette peur bleue de finir pendue par mes pensées, je l'ai à tous les instants.
Tous les matins, quand le soleil se lève, des âmes s'éteignent. De nouveaux cris naissent, de nouveaux propos blessent...
Tous les matins, je sors d'un cauchemar pour en adopter un autre, minuit me plonge dans un calme qui déclenche une guerre sans planque entre elle et moi. Midi me propulse dans un carrefour de contradictions. J'en perds mes têtes.
Tous les matins, le coeur en panique, les secondes qui trottinent de plus en plus vite, de nouveaux pas à faire pour le lendemain, les regretter...
Tous les matins, ces rideaux à ouvrir sur le drame qu'est ce monde dont la tragédie nous est conté froidement par sa majesté Le Journal Téléfonsdé
Tous les matins, comme tous les soirs, je me sens mal de vivre, je me sens morte, je me sens coupable de toutes les peines que la réalité supporte.