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Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Dans l’horreur et les cris
Dans la peur et le bruit
Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Les fleurs sont si jolies
Elles gardent les secrets
Mais qui pourrait savoir
Que ce ciel si beau
Fût témoin de l’histoire
Le couvercle du tombeau
Ce matin au marché
Des vieilles sont méchantes
Elles me regardent passer
Ma robe est trop moulante
Il y a l’odeur des mangues
Le goût de la papaye
Il y a les mauvaises langues
Les mots doux des canailles
La vie est tellement douce
Que je voudrais danser
Balancer des secousses
Dans le cœur des rwandais
Qui penserait qu’ici
La vie s’en est allée
Dans l’horreur et le bruit
Dans la peur et les cris
Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Les fleurs sont si jolies
Elles gardent les secrets
La rumeur des collines
De ce petit pays
Chantonnent les comptines
De ma grand-mère en vie
Les yeux de mon enfance
Je les retrouvés
Devant le lac qui lance
Des vagues de baisers
Pieds nus dans les cailloux
Je repense à mon père
Quand nous étions chez nous
Quand c'était pas la guerre
Le soleil du matin
Me murmure en douceur
De laisser mon chagrin
Aux filets des pêcheurs
Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Dans l’horreur et les cris
Dans la peur et le bruit
Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Les fleurs sont si jolies
Elles gardent les secrets
Une fois qu'on est parti
On est un exilé
Qu'importe le pays
On se sent étranger
Mais partout sur la Terre
Si l'on est réfugié
On trouve son parterre
Une raison d'exister
Et tous ceux qui ont fui
Connaissent la douleur
Et voient dans leurs amis
Une ancre pour leur cœur
Je suis partout chez moi
Je suis nul part aussi
Mais qu'importe l'endroit
J'y trouverai une famille
Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Dans l’horreur et les cris
Dans la peur et le bruit
Qui penserait qu'ici
La vie s’en est allée
Les fleurs sont si jolies
Elles gardent les secrets