Vous lisez
dans le coin de nos mémoires
s’entasse l’épaisseur de l’air
celui que l’on garde
celui qui gonfle
la réserve d’énergie
nécessaire
lorsqu’il encaisse
le choc des chutes
des échecs
des naissances
des pensées
qui échouent
par manque de
véritables authenticités
ces idées
que l’on recopie
et applique
machinalement
sans les connecter
à nos réelles singularités
par peur
de prendre
le risque
de vivre
par crainte
d’apprendre
à être
constamment
soi-même
nous avons préféré
tendre vers les miroirs
déformant la capacité
à s’aimer tel que l’on est
toi
elle
lui
moi
face aux
supposés
complexes
d’infériorité
de chacune
de nos
profondes
unicités
avons
préféré
étouffer
nos appels
intérieures
pour
suivre
les modes
dictées par
les populaires
hauts-parleurs
cris de groupe
dehors
mais
qui dégoûtent
au bord
de l’intimité
lorsqu’une fois rentré.e
chez soi
en soi
face à soi
nous consolons
secrètement
nos douleurs
en préparant
des coussins
d’oxygène
qui ralentiront
la chute
dans notre estime
de chacun
de nos élans
authentiques
rattrapé en plein vol
avant d’avoir atteint
ses objectifs
ces mêmes élans
du fond du cœur
que l’on regarde
en silence
revenir
prématurément
s’écraser
dans le coin de nos mémoires
où l’on entasse sans fin
l’épaisseur d’un air
à défaut de s’en servir
pour passer à travers
ce qui étouffe
notre volonté
à réaliser
nos propres rêves