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tout ça ne nous rendra pas
le Congo
tout ça ne nous rendra pas
la Belgique
mais
je vous le demande quand même
rendez-moi le Congo
rendez-moi la Belgique
que l’on recycle
la différence
entre
les fantasmes de grandeurs d’une nation
et
la perte des libertés individuelles
que l’on recycle tout ça
avant
pendant
après
chaque discours prononcés
par les femmes politiques
chaque discours prononcé
par les hommes politiques
chaque discours prononcé
parfois
comme je le fais ici
des discours habitués à
faire semblant d’ignorer le pouvoir
de nos folies consommatrices
ces petites voix dans nos têtes
qui disent
oui !
consommons plus !
peu importe la dette
consommons vite
consommons cher
consommons plus grand
oui plus grand !
consommons consommons consommons !
en parlant de plus grand
vous savez quoi ?
rendez-moi l’Afrique !
rendez-moi l’Afrique
rendez-moi l’Europe
rendez-moi l’Amérique
rendez-moi l’Asie
rendez-moi les Émirats Arabes Unies
et tout le reste d’ailleurs !
rendez-moi LE monde !
non
rendez-moi juste MON monde
pour que j’arrête d’essayer à tous prix
de
rester dans la tendance du moment
de
rester dans le buzz du moment
de
rester dans le fun du moment
qui comme leurs noms l’indiquent
ne dureront qu’un
moment
c’est pour cela que je demande
pourquoi se donne-t-on tant de mal
à suivre
constamment
des modes éphémères ?
n’y répondez pas
ça gâcherait la fête
laissez-moi encore un peu participer
au grand défilé
des petits signes extérieurs de richesse
c’est infiniment plus simple
c’est joyeusement plus marketing
mais surtout
c’est beaucoup moins complexes
que la réalité
de nos empires individuels
ces empires intérieurs
merveilleusement singuliers
ces empires intérieurs
qui portent si haut
les drapeaux
de nos miroirs
nos miroirs
ces objets à réflexions
qui nous rappellent à nous-mêmes
des miroirs
comme
celui que je regarde certains soirs
en parlant ma langue maternelle
-
Nilikupenda siku moja
Nilikupenda siku mbili
Nilikupenda siku tatu
Nilikupenda mpaka mwisho
Uhuru !
-
Je t’ai aimé un jour
Je t’ai aimé deux jours
Je t’ai aimé trois jours
Je t’ai aimé jusqu’à la fin
Liberté !
-
oui Uhuru, je dis ton nom
toi, fameuse liberté
toi, déesse liberté
toi qui me permets de choisir
d’activer ou pas
mon esprit critique
toi qui me permets
de suivre ou pas
les tendances règlementées
sur des calendriers officiels
dans des colloques internationaux
dans des publicités superficielles
dans des journaux télévisés
dans des émissions infantilisantes
à grandes audiences
ou à petite échelle
qui de concert
nous dictent quand il faut
célébrer la femme
célébrer l’homme
célébrer valentin
célébrer valentine
célébrer kwanza
célébrer noël
célébrer maman
célébrer papa
célébrer tout
et n’importe quoi
alors non !
non !
et encore non !
reprenons le pouvoir !
au quotidien !
si vous ne l’avez pas encore fait
n’attendez plus
branchez vos projecteurs
sur
la poursuite d’une justice au quotidien
imaginez !
si on s’activait régulièrement
peu importe
le sexe des victimes d’une injustice
peu importe
la couleur des victimes d’une injustice
peu importe
la distance qui nous sépare des victimes d'une injustice
qu’elles dorment dans la rue neuve de Bruxelles
ou sur l’avenue de la justice au Kivu
imaginez et puis agissez !
peu importent les discriminations sexistes, ethniques, linguistiques,
religieuses, économiques ou autres dont elles sont victimes
s’activer pour toutes les formes d’injustice
est ce qui rend véritablement humaniste
nous sommes
contre toutes formes d’injustice
nous sommes
nombreuses et nombreux à comprendre
pourquoi des bourses financières continuent à
avoir plus de poids géostratégiques
que des valeurs humaines
nous sommes
nombreuses et nombreux à comprendre
pourquoi les bénéfices accumulés
de certaines multinationales
ont plus d’influences politiques
que des vies humaines
mais ça !
c’est le monde à l’envers !
c’est pour cela
que celles et ceux qui le peuvent
doivent résister !
doivent prendre leur esprit critique
doivent prendre leur libre arbitre
doivent prendre l’ouverture d’esprit
de
décider
quel monde
recycler
pour les générations à venir
quelque soit le monde
que vous décidez
de recycler
dans tous les cas
rendez-moi le mien
en fait
non
de notre fond intérieur
jusqu’à nos petits ordinateurs de poche
ne me rendez pas MON monde
mais plutôt
rendons-nous LE monde
que l’on souhaite montrer
aux futurs enfants