Vous lisez
parfois
j’en ai marre
d’écrire
des poèmes
alors
je les cherche
dans
un soupir amoureux
dans
une caresse matinale
dans
un baiser d’adieu
dans
un croissant solitaire
dans
une marche silencieuse
dans
une porte poussée
pour entrer
dans
le temple des haltères
où l’on s’agenouille
cent fois sur terre
ou sur un tapis
de jour ou de nuit
pour prier la venue
du muscle sacré
dans
une âme épuisée
en quête
d’éternité
dans
un retour silencieux
dans
un appart vide
à remplir d’inspirations
ou
plutôt
d’expirations
dans
une douche froide
un plat chaud
une vie tiède
à parquer
près de nos
religions salaces
à combler
de croyances automatiques
je voulais dire
d’écritures automatiques
d’actions
spectaculairement insignifiantes
à cette échelle
mondiale
des révoltes douces
aux bisous violents
des politiques migratoires
décidées par
quelques experts immobiles
extraordinairement banals
comme un coup de poing
dans un verre d’eau
ou
nos allégeances obligatoires
à un semblant démocratique
dicté par
la reine des nouveaux goulags
et ses innombrables blagues
géopolitiques
qui ne font rire en cachette
que les puissants
alors
on la cherche hein !
la puissance
à petite échelle
ou
sur les grands échiquiers
on étudie un
deux
des textes
on fait l’acteur
on fait l’actu
ou plutôt
on la cherche
sous les grandes lumières
mangeuses de personnalités
faucheuses de singularités
prêtresses de conformités
alors
sans fin
on recherche
une vendeuse normalité
une aguicheuse banalité
telle celle
la plus affichée
sur nos écrans
aux tailles variées
entre publicités mensongères
et réelles sauvageries
des bisounours
avariés
cannibals pour un sous
ou pour mille
je n’ai pas d’autres choix
ou du moins c’est ce que
par foi la loi me fait croire
qu’il est temps
de me résigner
à suivre la voie de ceux
qui font les clowns
sur des scènes extérieures
ou
encore plus souvent
sur des planches intérieures
mollement
applaudis
par de faux battements
de cœur
entre chaque numéro
d’un corps
à l’esprit
perdant