Vous lisez
aujourd'hui
je n'en peux plus
je ne peux donc plus
écrire tranquillement
penser toutes les nuits
remplir des papiers
pour ceux qui n'en n'ont pas
vouloir dénoncer ceux qui marchent sur des pieds
ou ceux qui les laissent faire
aujourd'hui
je dois arrêter ?
c'est ça ?
de faire semblant d'être touché
alors qu'en dessous de mes couches de politesse
j'n'en n'ai rien à cirer ?
ah
d'accord
qu'j'arrête aussi d'faire des couloirs de mots
qui ne voient défiler que le corbillard de ton désir
waw
d'la poésie maintenant…
mais
dis moi
à quoi ça t'sert de bouder
derrière tes lunettes ?
t'sais que ça n't'aide pas
hein
attend un peu
pour changer
essayons ceci
tu prends la place de mes écrits vains
comme tu dis
et moi l'édition de ton journal triste
hein !
qu'en dis-tu ?
on pourrait même échanger nos stylos
si tu veux
madame Je-prends-tout-mon-temps
t'en dis quoi ?
oui, toi !
quoi ?
moi ?
moi j'suis l'centre du monde ?
n'importe quoi !
c'est toi qui t'prends pour l'centre du monde
que dis-je, d'la galaxie oui !
attend…
tu sais…
tu l'sais…
j'peux en placer une ?
merci !
pourtant
tu l'sais
enfin
tu l'savais
tout ce que j'voulais
c'était lâcher mes papillons
comme tu dis
les faire voler
de temps en temps
qu'ils aillent distribuer des bisous
là où nos caresses ont maigri
mais même ça...
j'peux finir ?
oui ?
non ?
non
évidemment
à chaque fois que t'as tort
tu n'me laisses pas finir
écoute !
hey !
puisque tu l'prends comme ça
on va faire très simple
j'arrêterai d'écrire toutes les nuits
si
et seulement si
t'arrives à jouir
plus vite que moi