Vous lisez
ce soir
je m'allonge
seul
en paix
laisse une larme couler
la différence de perspective
frise le ridicule
sans me lyncher
je vois que
vivre pleinement
ignore l'obsession
des définitions
ce n'est pas l'immigré
qui se définit comme tel
c'est peu souvent l'expatrié
qui se réclame comme tel
faire porter à l'autre
les douleurs
que l'on nomme sans lui
creuse des cicatrices
invisibles sur la peau
peu importe sa couleur
ce qui ne la tue pas
la rend plus dure
mais
cette nuit
je laisse reposer
dans l'indomptable plaine des rêves
l'instinct qui survit
d'une espèce animale
d'épiderme
à l'autre
seul
seule
seules
dans un lit
en attendant que le jour se lève
de lassitude
des larmes coulent