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C'est l'histoire d'un mec qui s'est trompé d'histoire,
Mais ça, il ne le saura qu'après.
Alors, en attendant il persiste et il souffre,
Seul dans une nuit d'encre.
Il veut se persuader qu'il a fait le bon choix,
Que sur la terre de ses pairs, son avenir n'existe pas ;
Il trimera tous les jours, sous ces cieux,
Et se dit qu'au final, il sera heureux.
Il ferme les yeux et il peut palper
La cause de son obstination.
Il ferme les yeux et il peut penser
Qu'à tout bonheur, malheur est bon.
Il veut y croire, il a un rêve,
Il a des objectifs, et une famille à nourrir.
Alors il s'échine, à en oublier son nom,
Alors il en bave, à perdre la raison.
On lui a dit le froid et les conditions difficiles,
On lui a dit le dédain et le manque de considérations,
On lui a dit que le voyage serait long et pénible,
On lui a dit que sa femme était le plus beau de ses biens.
Il se raccroche à ce qu'il peut pour ne pas sombrer :
L'été prochain, il fera venir les enfants,
Fini pour eux la guerre et la peur,
Ils iront à l'école et auront à manger.
Il se débat, il veut y arriver,
Pour eux, pour elle, pour lui, pour les autres,
Il aimerait tant pouvoir avoir pied,
Dans ce préambule à une nouvelle ère.
Mais une vague à raison de son emprise
Sur un bout de bois, ou un bout de corps ;
Il hurle sa rage et lâche prise
Laissant aux poissons son triste sort.
C'est l'histoire d'un mec qui s'est trompé d'histoire,
Cette nuit-là, son rafiot a fait naufrage.
Le JT en parlera un peu, ou même pas du tout,
Un pauvre hère de plus dans une joute de fous.
Merci pour ce joli texte qui me fait penser au sort des migrants subsahariens au Maroc ou aux portes de l'Europe où la quête d'une vie meilleure se mue en moult péripéties infernales.