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Ce pourrait-il qu'un jour,
Quelque part, au détour
D'une tranche de vie,
L'on trouve un de ces lits
De paisible amitié,
Où les galets roulés
De par l'amour s’usent sous un flot de baisers.
Ce pourrait-il qu'enfin
L'on arrime serein
Aux rives de lumière
Nos violences amères.
Et d'elle libérés
Nous puissions nous coucher
Comme deux colombes dans un nid d'olivier.
Dans une odeur douçâtre,
Nous aimer, nous ébattre.
À nos tempes, le sang
Égrènerait le temps.
Et le tac et le tic,
D'un rythme énigmatique,
Scanderaient, sur des croches, les heures en musiques.
Passeraient les étoiles,
Les oiseaux et les voiles.
Pas un signe n'aurait
Le pouvoir d'influer
Sur notre aimable humeur,
Quand couleraient les heures,
Les mois et les années sur nos corps en sueur.
Quand dans l'éternité
D'un sommeil apaisé,
Ma tête, enfin légère,
Sur ton buste, bergère
De mes nuits insoumises,
Et bercée par la brise
De tes expirations, lâcherait enfin prise,
L'ardeur de mes baisers
De soies t'enroulerait.
Puis, t'offrirait le don
D'être un blanc papillon.
Si à ton décollage,
Laissé dans ton sillage,
« Je t'aime à tout de suite ! » manuscrit sur la plage.
Moi, confiant compagnon,
Verrais ton abandon
En aubaine rêvée
De te reretrouver.
Sur notre lit encore,
J'accueillerai tout l'or
De tes contes et légendes amenés du dehors.
Ce pourrait-il aussi,
Qu'à Decima ravis,
Les fils de destiné
Nous servent d'oreillers.
Que jamais de sa faux,
La camarde de trop
Vienne, à notre bonheur, faire un vilain accroc.
Seulement, après mille ans d'amour, seulement,
Nous ferons nos bagages de jours, calmement.
Sur l'arc-en-ciel qu'une Parque nouvelle tisse,
Mort, Nous viendrons bleuir ton ciel et noyer tes abysses.