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In memoriam Nelson Mandela
Il fait noir dans les cieux de nos coeurs
Nos nuits sont privées de lune
De chagrin nos étoiles ont terni
L'ogre nous a dérobé le soleil à l'aube
Le coq n'a pas chanté
Et dans nos regards
Le jour ne s'est pas levé
Le tam-tam funèbre roule
Et déroule le ndan
Nos demeures s'entrebâillent et râlent
Fourmillement dans tous les espaces
Car d'assaut nos pas prennent
Nos sentiers, rues, avenues et boulevards
Dans le grondement des torrents de larmes
Qui sur la plage angoissée de nos joues
Creusent des sillons de douleurs
Hélas ! Nous allons à Johannesburg
Mvezo et toute l'Afrique sont en deuil
La flèche de Mphakanyiswa n'est plus
elle a rompu d'avec la verticalité
Au flanc d'une soirée de décembre
Rolihlahla Madiba s'est éteint
Pour rejoindre le couvent de nos aïeux
Voilà, les drapeaux sont en berne
Dans un ciel gris, triste
Sous lequel chevauchent, rangs serrés
Les fils d'Afrique à l'aube sevrés
Glorieux Mandela, creuset de sagesse
Rejeton de l'arbre Inkosi Enkhulu
Sur le bord majesté de la Mbashe
Pintade à la tête blanche, tu ne te tairas pas
Madiba, toi descendant du trône de Thembu
Toi le verbe conjugué de la pensée-acte
Et l'acte-pensée
Dans toutes les tourmentes de l'apartheid
Pour libérer ton monde sous le joug
De tous les fléaux humanicides
Nelson Mandela, toi illustre fils de Xhosa
Icône de mon Afrique et du monde
Mon kasàlà de malheur t'interpelle
Xylophone et balafon
Mvet et cithare disent ta gloire et tes vertus
O combattant de la liberté
Mandela, toi militant de la paix
Ame-silex à la volonté tenace
Itinérant médiateur
Tes vertus nous interpellent à jamais
Sous ce coup de l'impondérable
Aux accents graves
Que tu t'en ailles si loin si près
Tu ne seras jamais seul
Le monde te porte et te ressuscite
Et au portail du pays de lumière
Steve Biko, Kwame Nkrumah
Patrice Lumumba, Martin Luther King
Et tous les autres héros de la liberté
T'attendent pour te faire entrer
Dans l'arche de paix et de gloire infinies
Que la terre de tes ancêtres te soit douce !
Elysée Munyoka Muana-Cyalu
Kortrijk, 06/12/2013
Je ne résiste pas au plaisir de partager ces quelques lignes, certaines aux accents poétiques, écrites de sa propre plume (source:UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTE):
"Je ne suis pas né avec une faim de liberté. Je suis né libre - libre de toutes les façons que je pouvais connaître. Libre de courir dans les champs près de la hutte de ma mère, libre de nager dans le ruisseau clair qui traversait mon village, libre de faire griller du maïs sous les étoiles et de monter sur le dos large des boeufs au pas lent...C'est n'est que lorsque j'ai appris que la liberté de mon enfance était une illusion...que j'ai commencé à avoir faim d'elle"
"Le courage n'est pas l'absence de peur mais la capacité de la vaincre"
"A Johannesburg, j'étais devenu un citadin...Mais au fond de moi, je restais un garçon de la campagne, et rien ne me rendait plus heureux que le ciel bleu, l'immensité du veld et l'herbe verte"
"J'aime voir l'aube se lever, le passage entre la nuit et le jour est toujours majestueux"
"La liberté est indivisible; les chaînes que portaient un de mes compatriotes, tous les portaient,les chaînes que tous portaient, je les portais"
"Avec ses paysages poussiéreux et plats aussi loin que l'oeil peut voir, l'immense ciel bleu, les étendues infinies de champs de maïs jaunes, de buissons et d'arbustes, l'Etat libre d'Orange me rend heureux quelle que soit mon humeur"
"La grâce des bateaux de pêche très fins qui glissaient dans le port de Dakar n'avait d'égale que l'élégance des Sénégalaises qui se glissaient dans la ville vêtues de robes flottantes et la tête recouverte d'un turban"
"Après avoir passé la frontière, j'ai respiré un grand coup. L'air du pays natal semble toujours plus doux quand on en est resté absent un certain temps. Dans la claire nuit d'hiver, les étoiles elles-mêmes me paraissaient plus acceuillantes que sur le reste du continent"
"On chérissait les lettres qui arrivaient (à Robben Island). C'était comme la pluie d'été qui fait refleurir le désert"
"Un matin, au lieu d'aller à la carrière, on nous a fait monter à l'arrière d'un camion...Devant, étincelant dans la lumière du matin, nous avons vu l'océan, le rivage rocheux et, au loin, brillant dans le soleil, les tours de verre du Cap."
"J'ai parcouru ce long chemin vers la liberté. J'ai essayé de ne pas hésiter; j'ai fait beaucoup de faux pas. Mais j'ai découvert ce secret: après avoir gravi une haute colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. Je me suis arrêté un instant pour me reposer, pour contempler l'admirable paysage qui m'entoure, pour regarder derrière moi la longue route que j'ai parcourue. Mais je ne peux me reposer qu'un instant; avec la liberté viennent les responsabilités, et je n'ose m'attarder car je ne suis pas arrivé au terme de mon long chemin"
Nelson Rolihlahla Mandela.