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J'étais le jeune insouciant dénué d'esprit critique,
Qui croyait que la vérité ne piquait qu'un instant.
Celui-là même à qui on baffait les deux joues.
Encore incapable de lire entre les lignes,
Les Lumumba, Sankara, je n'en étais digne.
Endormi debout par les contes de fée...
À l'abri des compteurs de faits,
Qui se révèlent quand la poudre aux yeux s'estompe.
Est-ce que vos idées survivent quand on vous ôte la vie ?
Je ne me posai que des questions sur la plastique,
Quand l'or noir, qu'on rendait vert, excusait des guerres.
Je ne connaissais que des crises amoureuses,
Quand d'autres voyaient leur famille décimée par l'incendie
De la haine ethnique au bas des monts volcaniques.
La finance rendait le nord insuffisamment cardiaque,
Et le sud ne voyait toujours pas la fin de sa faim...
Moi, je ne me posais pas de questions géopolitiques.
Est-ce que vos idées survivent quand on vous ôte la vie ?
Des rencontres me faisaient lentement voir,
Que l'âge de raison n'était qu'une expression.
Qu'il n'était jamais trop tôt pour comprendre.
Qu'il n'était jamais trop tard pour apprendre.
Que lorsqu'on ouvre son esprit à la complexité,
Les voies du coeur deviennent alors pénétrables
Dans toute leur splendeur, dans toute leur laideur.
Est-ce que vos idées survivent quand on vous ôte la vie ?
Aujourd'hui je regarde l'Humanité
Affronter des idéologies contraires.
L'aliénation intellectuelle étouffe.
Quand l'érudit ment et que l'ignorant s'égare,
Les chercheurs de vérité s'essoufflent.
Si le train de nos réflexions ne connait aucune gare,
Certains y perdent tout de même la vie.