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Que d'années ai-je perdues à chercher le bonheur ? Et que de bonheur ai-je perdu à poursuivre les années ? A ne pas trouver le temps de vivre ce qui aurait pu être vécu. J'ai beau m'accrocher ce soir à quelques souvenirs, je sais bien que tout est vide, en face de moi, derrière moi, à côté de moi. Les fantômes de mon passé ne font peur à personne. Je ne porte aucun destin.
Ma vie est une immense coïncidence. Et donc une imposture.
Merci, chers autres, d'avoir donné un sens à ma multitude de nullités. Mais il ne faudrait pas qu'à partir de là, je m'imagine avoir vraiment existé. Je veux rester persuadé de mon néant, ne fût-ce que pour avoir le droit de juger le néant des autres. J'ai tant de choses à dire (ce qui veut absolument rien dire), mais je peux aussi me taire, comme se taisent tous ceux qui vivent autour de moi.
Mouche parmi les mouches, je ne voles pas, pour ne pas ridiculiser les autres mouches qui ne volent pas.
Dès lors, j'ai cru bon de parler des nuits entières à tous ceux qui étaient disposés à m'écouter et, à défaut de ceux-là, je me suis parlé à moi-même. Et je me suis dit que cette vie serait totale, dans sa réussite ou dans son échec.
Long dialogue entre moi et moi. Même si souvent je parlais aux autres, je ne parlais qu'à moi. Il ne fallait donc attendre aucune réponse à mes questions stupides. Si seulement j'avais pu capter le monde autrement qu'à travers ma petite personne, j'aurais sans doute capté le monde. Et j'aurais pu , sans doute, comprendre le sens de la vie. Mais à force de me préoccuper de la lorgnette, j'ai oublié de regarder dedans.
Il n'y a pas de solution sans problème.