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Histoire de sang

Monique Phoba,  le 20.09.2010


Chaque mois, le sang coule.
Chaque mois, la femme se rappelle que son ventre n'est pas occupé. Encore.
Mais, qu'il le sera, inéluctablement.
Et que si ce n'est pas le cas, si un enfant ne gonfle pas son ventre,
Il le sera par les pierres de sécheresse et de damnation.
Fibrome. Echappe-t'on à son destin de femme.

Baptisée par le sang, elle est la seule comptable de ce qu'entre ses jambes fait le spermatozoïde.
Qui ne lui demande pas son avis.
La conception est libre, mais l'horizon se bouche.
Garder l'enfant ou le faire partir, tout n'aboutira de nouveau qu'au sang, Rouge, de l'accouchement ou de l'avortement,
Ce sera encore ce geyser-là,
Qui sera de la fête et qui fera la fête.

Rouge, tu te contorsionnes, mon sang,
Inondant les draps, inondant ma vie.
Comme un serpent, tu trépignes dans mes alvéoles.
Lors de ce voyage aux USA, 24 heures de vol,
Ne t'es-tu pas déversé sur le lit de l'hôtel, caillots,
Pendant que le serpent me broyait le ventre, boyaux.

Les médecins te disent : endométriose, fibromes…
Tous ces diagnostics ne servent qu'à me faire la tête chaude et pleurarde.
Je voudrai juste ne plus souffrir, dis-je
N'est-ce pas possible ? Juste cela, n'est-ce pas possible ?
Ces nuits de rubis et d'émeraude, où chantent la fête du sang,
Les noces guerrières et les viols immuables.

Puis, un jour, cela s'est achevé et je me suis dit : tant mieux.
Plus de force pour moi, plus de calme...
Mais, cette comptine a frappé en moi, comme une pluie interdite.
Plus d'enfants à espérer et à faire téter.
Plus d'enfants à voir grossir dans mon ventre,
Cette vie vacillante des têtes douces.

Car, près du sang gravite
Le lait de la tendresse...

 

Commentaires

Kris Fondation Mundele, 21.09.10, 12:41:30
Je trouve ce texte remarquable car il faut un certain courage pour évoquer avec autant de brio un sujet aussi intime. Je perçois dans ce récit une intensité de combat peu commune et en tant qu'homme, je suis parfois surpris de voir ce que les mères doivent endurer pour vivre un cycle de la vie que nous ne connaîtrons jamais. L'essence même de la femme réside en ces mots si lourds de sens et si puissants que vous relater avec talent Maman Monique !
MoMo, 21.09.10, 2:23:09
et "cette comptine à frappé en moi comme une pluie interdite"...mais cette comptine est sortie avec les phrases qui frappent l'homme que je suis, comme une ritournelle d'enfer à mots-dits, qui font passer en lui cette "expérience" qu'il ne connaitra jamais...ce que certains, en "occident", ont appelé le "mystère insondable de la femme" et qu'une africaine - est-ce un hasard ? - laisse passer à l'universalité de la condition humaine la plus incertaine...
Magnifique !
MoMo
Ras Ôm, 20.09.10, 12:41:50
Sensible á la vérité héritée, faite beauté...je te vois ma soeur par la tendresse de ton coeur quand tu nous parles de ce ventre monde oú nait l'éternité d'un présent révolu, mais résolu, accompli.

Sortie du cycle de la chair, tu es dans le cycle de l'esprit qui entre en Harmonie.

En kréol, nous disons "bel pasaj"... Toute une symbolique faite de torsions et de redressements... Le passage.. étape d'évolution nécéssaire vers le sommet de l'être.

Un texte de toute beauté !
Ras Ôm

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