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J'ai appris à reconnaitre les signes du vent qui tourne,
J'ai appris que jamais ils ne nous avaient considérés comme eux.
Quand ils ont commencé à nous insulter, peu ont réagi,
Nous avons gardé la tête basse, nous ne voulions pas de vagues.
Les brimades et l'hypocrisie se sont installées,
Très vite, ils ne se sont plus cachés.
J'ai appris à reconnaitre les signes du vent qui tourne,
Quand nous sommes entre nous, nous en rigolons.
Du chauffeur de bus qui ne s’arrête pas, au vigil toujours dans notre dos,
Les cris de singe, les bananes, les histoires qui nous collent à la peau.
Puis, certains s'énervent, et on reparle de l'exil,
Ou pourquoi partir quand on n'a rien à se reprocher ?
J'ai appris à reconnaitre les signes du vent qui tourne,
Avec le teint de notre épiderme, pas besoin d'étoiles jaunes,
On nous voit venir de loin, on ne peut que nous remarquer.
Comme nos noms sur une liste, qu'ils soient peuls ou bantous.
Quand ils sont venus tous nous chercher, ça a été difficile d'y échapper,
Nous n'avons même pas pu sauver nos enfants en les rebaptisant.
J'ai appris à reconnaitre les signes du vent qui tourne,
Et cette injustice suprême de ne pas comprendre pourquoi,
Pourquoi nous, sommes-nous si méprisables ?
Pourquoi tout ceci se passe dans l'indifférence générale ?
Nous aurions dû nous organiser et chercher du soutien plus tôt,
Mais ils savent pleurer Mandela tout en nous dénigrant,
Ils savent nous faire comprendre que nous ne serons jamais chez nous.
J'ai appris à reconnaitre les signes du vent qui tourne,
Mais je les ai appris à mes dépens.