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Des pages avec ou sans marge
Tout dépend si je place un cadre ou si je prends le large
Si je construis ou brise mon château de cartes.
Mes pages sont une éponge qui s'imprègne d'éléments
Je ne parle pas de ceux qui sont de terre, d'air, d'eau ou de feu
Mais de ceux qui font que dans mon langage, il y ait le terme
«châtiment».
Des pages vierges au goût de miel, parfumées du désir charnel, qui deviendront cicatricielles.
Des pages en papier recyclé que je m'obstine à conserver, c'est dur de zapper le passé.
Des pages tachées de café, lapsus par maladresse pour dissimuler ma détresse.
Des pages quadrillées où l'ironie de l'alphabet de mon récit sera emprisonnée.
Des pages lignées, recalées à l'antidopage pour overdose de mots bafoués.
Sur mes pages, je sème des graines de chimères,
Je laboure mon jardin secret et en récolte les fruits avortés
Que je m'assure de bien protéger au fil barbelé
Par pudeur, et puis ils ont souvent un goût amer
Aspergés d'un « taboucticide » pour les moissons inavouées.
Sur mes pages abîmées, je fais fi d'utiliser ma plus belle plume
Je m'efforce de tourner la page de ce qui sera une mauvaise fable
Bluffée par la volonté à vouloir écrire un roman de fortune
Des gouttes d'encre gaspillées pour un chapitre irrecevable
Un brouillon raté pour lequel je n'éprouve plus qu'amertume
Des pages écrites à l'indélébile obstiné à ce que personne ne puisse les effacer.
Des pages écrites à l'encre sympathique que, seuls les atypiques, pourront décoder.
Des pages marquées d'un signet, intercalées pour que l'instant présent puisse vite être retrouvé.
Des pages cornées, déchirées voire arrachées, et ce, avec ou sans regret.
Des pages jetées au feu pour des paroles parties en fumée.
Sur mes pages, je mets à nu la face cachée de mon esprit
Pages fatales, pages idéales qui incarnent le masque du mal
Des déjections de mots qui gangrènent mes récits
Si tu savais comme j'en souffre des lacrymales
Un garrot serré qui prive l'encre de couler en larmes
Sur mes pages de garde, je mets les plus beaux coloris
Ce fantasme fou de vouloir enfin clore mon manuscrit
Sur mes pages, j'appose un panel de paraphrases
Écorchées par des sous-entendus juxtaposés à chacune de mes phases
Serties de remarques en bas de page
Des pages blêmes, des pages bohèmes adeptes de la poésie urbaine.
Des pages écrites à l'encre de chine où je courbe l'échine de ma mine.
Des pages de partition où la mélodie de ma mélancolie rime avec dévotion.
Des pages à la fleur de l'âge, pseudo littérature qui se perdure de ratures en écriture.
Des pages jaunies par les illusions, ridées par le sablier du temps et envahies d'annotations.
Bravo! Je reconnais cette grandeur d'âme, ce discours percutant, ce coeur palpitant, ces mots et maux d'esprit. Longue vie cette étoile!
Il est autant interminable que fluide. Ce qui traduit une grandiloquence que je salue au passage. Il est agréable à dévorer et témoigne un énorme travail de fond qui passe inaperçu aux yeux du commun des mortels.
Rythmé, il chatoie par la diversité et la richesse d'une plume affûtée.
Bravo !!!