Vous lisez
In memoriam Leopold Sedar Senghor
Joal Joal
Entends les roulements plaintifs des tam-tams
L'oreille aux vents
De quatre points cardinaux
Eyaa eyaa ya
Senghor s'est évanoui
Quand des frontières de ton royaume de lumière
Tu as poussé des cris de sang
Entonné des chants d'amour de la mère Afrique
Quand de ton coeur géant
A coulé le fleuve de ton humanité
Qui a plaidé afin que Dieu pardonne à la France
Et la mette à sa droite
Fleuve charriant les fagots de nos angoisses
Réhydratant les marigots desséchés
De nos esprits ployant sous le poids de la négation
Du mépris
Et coeurs serrés
Nous t'avons perçu au coeur de nos cervelles
Joal Joal
Entends les roulements plaintifs des tam-tams
L'oreille aux vents
De quatre points cardinaux
Eyaa eyaa ya
Senghor s'est évanoui
O père !
Quand les générations des nations du monde
Viendront sur nos « mbanzà »
Demander après toi de te voir
A tes initiés lettrés compagnons de race de lumière
Aux ombres des aïeux sous les balanzas
Regards nébuleux
Nous te pointerons de l'index ferme
Toi Kilimandjaro
Sentinelle millénaire d'Afrique
Qui sonde le mystère de l'abîme cosmique
Qui sème au vent l'esprit de nos profondeurs
Joal Joal
Entends les roulements de tam-tams
L'oreille aux vents
De quatre points cardinaux
Eyaa eyaa ya
L'enfant des Signares s'est évanoui
O père !
Nous les ferons aux « Chants d'Ombre »
Communier aux « Hosties Noires »
Nous naviguerons avec eux sur les « Éthiopiques »
Puis plongerons à la limite de notre pouvoir
Dans « Nocturnes »
Avant des « Lettres d'hivernage »
Tâter leur pouls la main sur le coeur de chacun
Et passer en revue le dire multiple de tes pairs
Ton étoile poétique balisera
La piste de tes trois « Liberté »
Comme la Nature n’a pas trompé ta nature
Le destin de l'Homme n’est-il pas de partir
De toujours partir
Comme un fleuve vers l'embouchure ?
Mais quand on a bien vécu
On n'est jamais parti
Joal Joal
Senghor vivra à jamais !
Adrien Munyoka Mwana Cyalu