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Je suis sa proie.
Je suis sans voix.
Aucun cri d'amour jamais
Ne s'échappera de moi.
Mon corps se tait.
Immobile, il revoit:
Tantine, toi qui m'aimais et me gâtais,
Tantine, tu me prends par la main
Dans la lumière rose du matin.
"Viens, c'est pour ton bien.
Il est temps pour la petite fille
D'être l'honneur de sa famille"
Tantine, tu ne m'expliques rien;
"Ne crie pas
Ne pleure pas
On ne parle pas de ces choses-là"
L'exciseuse attend déjà.
La lame a coupé.
Ce petit bout de moi,
On me l'a volé.
Le sang a coulé.
J'ai hurlé.
Personne n'a vu.
Personne n'a entendu.
Personne n'est venu.
Qu'elle me fait mal, cette vertu!
L'homme est sur moi.
L'homme est en moi.
"Ne crie pas.
Ne pleure pas.
On ne parle pas de ces choses-là."
Le temps va.
Mais on ne cicatrise pas...