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Un autre, de français, il était professeur.
Une moitié noire comme le charbon de nos mines,
Une moitié blanche comme la lumière de l'Equateur.
J'aimerais que la couleur de sa peau, elle la porte avec fierté,
Elle qui ne se demande pas encore ce que c'est d'être métissée.
Descendante d'un royaume grand comme l'Europe n'en eut pas,
Les colons étaient loin, et Congo s'écrivait avec K.
L'histoire commencerait avec les Portugais,
En 1482, le pays « apparaît ».
Les livres d'Histoire auront vite fait d'effacer
Les glorieuses traces d'un encombrant passé.
Missionnaires, colonisation, mains coupées, hévéa,
Quelques lignes sur Lumumba mais aucune sur Kimpa Vita.
Et si, lorsqu'un vieux meurt c'est une bibliothèque qui brûle,
Annihilez l'espoir, et c'est le peuple qui hurle.
Devenus étrangers dans leur propre pays,
On l'oublie parfois mais l'apartheid y sévit.
Sujets d'un Roi changeant les larmes en or,
Les décades se suivent et se ressemblent fort.
Puis, il y eut l'Indépendance, tcha tcha,
Kasa Vubu, le Maréchal et les Kabila.
Et le pays n'en finit plus de sombrer,
Contraignant sa famille à immigrer.
Son père lui expliquera mieux que moi
Ce que signifie le cinglant « Retourne chez toi,
Sale étranger », quand à Bruxelles tu es né.
Entre hypocrisie apprise et racisme inné.
Petite Belgique subdivisée en petites communautés,
Petites régions, et malheureusement parfois petite mentalité.
Ma fille, elle, a déjà un esprit extra-large,
Ses deux papys, si différents, se ressemblent par leur barbe.
Trait d'union entre nos familles à jamais liées,
Si nous faisions le pari de pouvoir trouver
Plus de points communs entre les chicons et le mpundu,
Pour qu'un jour, alors, elle puisse être fière de nous.
Et comprendre enfin toute la beauté de son teint,
Dont elle n'aura ni l'un ni l'autre, mais entièrement le sien.