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Baptisée par le sang, elle est la seule comptable de ce qu'entre ses jambes fait le spermatozoïde.
Qui ne lui demande pas son avis.
La conception est libre, mais l'horizon se bouche.
Garder l'enfant ou le faire partir, tout n'aboutira de nouveau qu'au sang, Rouge, de l'accouchement ou de l'avortement,
Ce sera encore ce geyser-là,
Qui sera de la fête et qui fera la fête.
Rouge, tu te contorsionnes, mon sang,
Inondant les draps, inondant ma vie.
Comme un serpent, tu trépignes dans mes alvéoles.
Lors de ce voyage aux USA, 24 heures de vol,
Ne t'es-tu pas déversé sur le lit de l'hôtel, caillots,
Pendant que le serpent me broyait le ventre, boyaux.
Les médecins te disent : endométriose, fibromes…
Tous ces diagnostics ne servent qu'à me faire la tête chaude et pleurarde.
Je voudrai juste ne plus souffrir, dis-je
N'est-ce pas possible ? Juste cela, n'est-ce pas possible ?
Ces nuits de rubis et d'émeraude, où chantent la fête du sang,
Les noces guerrières et les viols immuables.
Puis, un jour, cela s'est achevé et je me suis dit : tant mieux.
Plus de force pour moi, plus de calme...
Mais, cette comptine a frappé en moi, comme une pluie interdite.
Plus d'enfants à espérer et à faire téter.
Plus d'enfants à voir grossir dans mon ventre,
Cette vie vacillante des têtes douces.
Car, près du sang gravite
Le lait de la tendresse...
Sortie du cycle de la chair, tu es dans le cycle de l'esprit qui entre en Harmonie.
En kréol, nous disons "bel pasaj"... Toute une symbolique faite de torsions et de redressements... Le passage.. étape d'évolution nécéssaire vers le sommet de l'être.
Un texte de toute beauté !
Ras Ôm