Vous lisez
Issu d'une lignée royale de guerriers,
Mon patronyme est celui de mon ancêtre Shaka Zulu.
Mes racines profondes sont Egyptiennes
Et mon arbre généalogique est Bantou.
Comprenant divers peuples de couleur ébène
Où se mêlent Bochimans, Maures, Pygmées, Peuls et Nilotiques,
Mes origines ne sont pas métissées mais exotiques.
Victime du tracé des frontières artificielles,
C'est à Berlin, entre 1884 et 1885, que mon sort fut scellé
Par une poignée de colons sans scrupules.
Bien que ma terre soit lacérée et assiégée à des fins de lucre
Par des Hollandais, Allemands, Anglais, Français,
Belges, Italiens et Portugais,
Je ne cesse de lutter contre ceux qui tirent les ficelles
Mais déplore, parmi les miens, le manque d'unité.
Porte-parole des Nations Nègres, j'ai un devoir de mémoire,
Car les écoles et les universités méconnaissent mon histoire,
Appelle-moi Anta Diop !
Les épines et nids-de-poule sur ma route furent légion,
Je me rappelle le commerce triangulaire, le Code noir
Sous l'égide du Roi Soleil, béni par Rome et sa religion.
Mutilé et éloigné de ma terre natale par les empereurs de la honte,
Je n'étais qu'une bête de somme dans les champs de coton
Au pays de l'Oncle Sam, des siècles durant.
Après avoir essuyé esclavage et traite négrière,
Colonialisme et apartheid, sous le joug de l'Occident,
C'est à mes dépens que j'ai compris l'apport de sa civilisation.
Mes pères, Lumumba, Biko, Sankara et tant d'autres,
Payèrent un lourd tribut afin que moi et les futures générations
Jouissions de nos richesses sans rendre des comptes aux autres.
Assujetti, spolié, manipulé puis contrôlé par les négriers d'hier,
Aujourd'hui, je mendie du pain et du jus contre mes mines aurifères.
Brisé par la famine, le chômage, le manque d'instruction, la pauvreté,
En proie à des guerres intestines et tant d'autres plaies,
Je me réfugie dans la musique et cherche du réconfort dans la prière.
S'inspirant des poètes de L'Art d'Être Humain et de la Négritude,
Ma plume se veut authentique pour ne pas tomber en désuétude,
Bien qu'elle rende hommage au continent à la forme d'un revolver.
Après avoir dressé le portrait de cette grande famille africaine,
Je tourne mes regards vers sa progéniture endurant misère et peines
Et constate qu'elle est radieuse, battante et a fière allure
En dépit de ses nombreuses blessures et fractures.
Le berceau de l'humanité doit se redresser
Et panser les atroces blessures du passé !