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Les migrants
Sont des êtres humains
Et non des brigands
Ou des bandits de grands chemins.
Comprenez que si aujourd'hui
Je pose mon barda chez vous
Ce n'est pas de gaieté de coeur
Mais par nécessité, voyez-vous ?
Comme vous, j'aspire à vivre dignement
En gagnant ma croute à la force de mes mains
Et à la sueur de mon front.
Comme vous, j'avais le gîte, le couvert
Et des réserves à profusion
Avant que ma chère patrie ne connaisse
La tragédie et la confusion.
Comprenez que si aujourd'hui
Je pose pied à terre chez vous
Ce n'est pas de gaieté de coeur
Mais par nécessité, voyez-vous ?
Comme vous, j'aimerais connaître
Des jours radieux avec les miens,
Fonder une famille et jouir avec elle
De ce que j'aurais acquis comme biens.
Enfin ! Tel était le synopsis du film de ma vie
Avant que l'infortune
Anéantisse mes projets et me mène
Dans une barque sans une thune.
Alors, comprenez que si aujourd'hui
Je pose mon barda chez vous
C'est par nécessité et non pas
Pour quémander, voyez-vous ?
Comme vous, j'aime ma terre, mon peuple,
Sa musique et sa gastronomie.
Croyez-moi, ce n'est pas de gaieté de coeur
Que j'ai quitté mon pays.
Comme dans bien des contrées voisines,
Il pleut du sang depuis des décennies ;
Des mères sont violées, des pères tués
Et des enfants habillés en treillis.
Si je vous raconte tout ceci
Ce n'est pas pour que vous ayez pitié de moi,
Mais pour que vous saisissiez
Que je ne viens pas chez vous en envahisseur,
Ni pour ravir vos biens, profiter de vos allocs
Ou voler vos emplois.
Je viens chez vous en tant que frère distant,
À la recherche du bonheur,
De la prospérité, de la paix sociale
Et pour offrir mes talents à La Vie.
Au nom de mes ancêtres, je vous remercie
De m'avoir écouté à travers ce récit.
Armé d'un discours franc, direct et osé,
Aux plus complaisants et condescendants,
C'est le respect que tu as su imposer
En prenant sur eux un terrible ascendant.