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Il y avait dans l'air
Ce qui fait l'été dans le Sud,
Une brise légère et chaude,
Le cliquetis de l'osier du rideau
Lorsque le chat entre dans la véranda
Et une mouche qui tourne au plafond.
Elle se pose enfin sur la table
Et s'étonne de ne pas être chassée.
Elle goûte au melon fraîchement coupé,
S'aventure jusqu'à la bouteille de rosé.
Aucune main ne la balaie,
Elle a le temps de se faire un festin.
Le chat miaule et la mouche s'arrête,
Elle laisse là le bout de pain,
Reprend de la hauteur et va plus loin.
Le chat s'assoit, la mouche scrute
Le sol: il y a des tâches de vin,
Elle se pose près de l'une d'elles.
Elle goûte à nouveau au nectar,
Se pourlèche jusqu'à l'ivresse;
Ce ne sont plus des tâches mais un verre renversé.
Le cliquetis à nouveau, le chat est parti.
La mouche, elle, reste, marche sur du verre cassé.
Elle se sent pleine comme cet après-midi d'été.
Un souffle chaud emplit la pièce,
Elle s'envole quelques mètres plus loin.
De nouvelles tâches viennent à elle
Qu'elle s'empresse de goûter.
Le liquide est plus épais, colle à ses pattes.
Elle avance plus lentement sur les lattes du plancher.
De nouvelles gouttes au goût de fer
Qu'elle touche à peine. Elle va plus loin,
Découvre un pied et un mollet,
Elle a toujours aimé le contact de la peau.
Elle suppose que la femme dort,
Comme elle peut remonter jusqu'au genou.
Elle vole jusqu'à l'épaule,
Retrouve le même liquide collant.
L'odeur du fer, cela l'ennuie,
Elle préfère celle du melon.
Elle quitte le corps pour retrouver la table
Et finir le repas de midi,
Comme plus personne n'y touchera.