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Je suis le grand ordinateur
Maître du désert en ce siècle vain
Les hommes sans tête sans mains
Trop grands trop droits
Ressemblent à des bêtes mécaniques
Ils marchent d'un pas lent et saccadé
Sans parler sans sourire
Un immense silence écrase le monde
L'obscurité l'envahit
Je suis le grand computer
Et je ris seul
Comme un ivrogne dans la nuit
Je récite Verlaine et Baudelaire
En buvant de la bière
Je chante et balbutie lalala
Lalala et puis
Les hommes me regardent étrangement
Les bouches fermées les fronts menaçants
Ils vont me frapper sans rien dire
Ils s'approchent déjà
Me frapper de leurs bras électroniques
Arracher mes fils éventrer mes parois
M'empêcher de rire me tordre la voix
Il faut que règne le silence dans les cités de l'ennui
Je suis l'ordinateur maudit
Les fleurs se fanent comme des larmes de goudron
Aux jointures des blocs de béton
Les hommes ont gagné la guerre
Dans mille ans peut-être dans un nouvel âge de pierre
Les singes apprendront mes poèmes