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Charles Fourier pourvoyeur des étoiles et du lait au berceau des enfants
je lis dans ton grand livre la nomenclature des rêves humains
j'entends les chants nacrés du monde et ses danses sacrées
dans tes pages faites pour la passion et les narcisses
tes maisons recèlent des amours de chair et de vent
ce soir je dormais au milieu des mystères
ce soir je rêvais de toi et de tes plans cosmiques où le corps est un astre
la beauté ami sera universelle et pleine de feu ou ne sera pas
les vrais éléphants clairs traverseront les fenêtres du matin
je me suis souvenu des vallées où traînent les brumes du désir
j'ai vu les paysans porter des gerbes et des paniers de fruits rouges
j'ai vu les ouvriers construire des cathédrales d'amour dans la nuit
d'un amour/porte toujours ouvert par où l'on aperçoit les oiseaux qui reviennent
de tous les Sud endiablés de tous les ports de toutes les mers
mains colorées de safran et de miel
qui portez les bouquets de baisers et de fleurs
venez hommes incrédules partager le repas de la vie
venez femmes conteuses prendre le vin des ivresses
je vous embrasse je rêve de vous depuis ma belle jeunesse
nous danserons dans la lumière ambrée des rêves
nous voyagerons à bord de bateaux blancs
nous travaillerons au bonheur humain
goûtant les gâteaux sucrés d'un temps toujours heureux
et les enfants grandiront au milieu de jardins semés de rires
Charles Fourier sorcier des âmes
je songe à toi en grand habit de promenade et de jeu
quand courent les chiens jaunes le long des sentiers bleus de l'avenir
dans des pays à jamais affranchis de l'exploitation de l'homme par l'homme
et des enfers de la jalousie et de la propriété privée
nous coucherons dans des ouragans de sueur
nous étendrons nos corps sur des lits frais refaits de tendresse
dans des draps de lin clair et de rosée
nous peuples rois auteurs des villes dans les rues de quoi danserons festoierons
dans la clarté d'or d'un soleil apaisé au soir des semailles
sur les montagnes où coulent les rivières chantantes
dans les forêts où les biches observent la nuit
amis c'est l'été aux tables dressées du plaisir
le pain rompu les salades savoureuses et les vins noirs
nous absoudront des péchés des dieux anciens
et les animaux libres viendront laper l'eau au creux de nos mains ouvertes
Charles Fourier annonceur de fêtes et de larmes douces
nous aurions dû prendre nos rêves au sérieux
quand adolescents nous refaisions le monde et le chant
nuits pluvieuses et chaudes aux lunes rondes
dansez étoiles dansez corps neufs et coeurs de sang
ainsi poussent les plantes grimpantes le long des murs blancs
dans les étés de paix et de champs labourés par le temps
toujours plus vieux toujours plus clairs toujours plus lourds parleront les hommes
que les maladies et la mort auront laissés malédictions oubliées
Charles Fourier je rêve de toi et de ton front de lune
de tes mots de justice et de braise tendre
roulez étoiles dans le ciel pur parmi les mondes nouveaux
le temps est venu de penser aux enfants
de tracer des chemins véridiques et fous
le temps est venu d'oublier les cauchemars et les guerres
le temps d'aimer est advenu
laissez au loin passer les oiseaux de l'enfer
laissez vos sexes exprimer l'essentiel de vos corps
et du ventre des femmes sortira l'avenir
Charles Fourier professeur de bonheur
des générations de guerriers ont perdu la parole et leur langue
ne goûte plus que l'amère joie des cimetières
il aurait fallu t'écouter te comprendre
et prendre pour argent comptant tes délires incestueux
ainsi dans les phalanstères lumineux fomentés par les vents
dans les cours des usines où se fabriquent les rêves
on aurait pu déjà connaître le sens des choses
et planter les graines privilégiées de l'amour
Afriques remplies d'or et de fleuves violents
Asies où se fait le déjeuner des étoiles
Europes dont les rues grouillent de passants assommés
Amériques aux chevaux de buée galopant sur les plaines
Fourier vous dit comment ne pas mourir de tristesse
comment toujours être ivres et passibles de rêve
Fourrier vous dit comment renaître en pleine connaissance de cause