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Quelle fût ma surprise lorsque le médecin m'a montré ton petit corps sur cet écran...
Sentiments de joie, de doute, de peur, tout se mélange dans ma tête.
Que faire ? Te garder ? T'ôter la vie ?
Une chose est sûre : mon amour pour toi était indéniable, ta vie en valait la peine.
C'est décidé ! Je te garde ! Peu importe, ça sera toi et moi contre tous.
Longues discussions nocturnes entre toi et moi, je te sens, tu me fais mal, tu te places d'une façon étrange aux creux de mes reins et j'aime ça.
Première échographie, tu es si grand, tu bouges et tu es en pleine forme, tu amuses les docteurs et je suis si fière de mon petit homme, je t'aime tellement d'ailleurs qui ne pourrait pas t'aimer ?
Soudain tout bascule !
Ces moments de joie se transforment en une douleur atroce dans le bas ventre, je suis seule chez moi et je perds les eaux ! Non pas maintenant, c'est trop tôt !
A ce moment-là, je sais que ta vie ne tient qu'à un fil. Tout se brouille dans ma tête, mais que fait l'ambulance? Pourquoi met-elle tant de temps à arriver ?
Je sens ta vie filer au fil des litres qui coulent entre mes jambes...
« Nous allons vous examiner Madame... ».
« Il n'y a plus rien à faire votre enfant est décédé. »
Mon coeur s'accélère. « Vous êtes sûr ? S'il vous plaît, prenez mon coeur et donner le lui, sauvez mon enfant ! »
Les heures défilent, mes larmes coulent, je dois attendre que mon col soit assez ouvert pour te donner naissance.
Il est 4h50 du matin. Le col n'est toujours pas assez ouvert, tu ne veux pas me quitter, je ne peux me résoudre à te donner la mort.
« On vous amène en salle d'accouchement Madame. »
Cette salle froide, je tremble, autour de moi une horde de médecins, je ne sens plus rien, droguée aux antidouleurs.
« Tout ira bien Madame... Poussez ! »
Tu n'as pas émis un son, rien, tout était calme... moi je suis morte à cet instant !
La sage-femme vient près de mon oreille : « C'est un petit garçon ».
Je veux le voir, lui dire au revoir, lui dire à quel point je l'aime, lui demander pardon de ne pas avoir su le protéger... « Pardonne-moi mon ange, pardonne-moi... »
Tu étais si petit, si parfait, mes larmes coulent, mon coeur a mal, je ne peux me résoudre à te rendre à la sage-femme.
Je quitte ma chambre meurtrie à jamais, avec comme seul « souvenir » l'empreinte de tes petits pieds.
Depuis lors j'erre comme un zombie avec toutes ces questions auxquelles on ne peut me répondre. Ma culpabilité me ronge. « Pourquoi toi ? Pourquoi moi ? »
Il n'y a pas un jour qui passe sans que je ne pense à toi. Mon amour est intact. « Tu me manques Gabriel, tu manques tellement à ta maman, veille sur moi mon ange, j'arrive bientôt te serrer dans mes bras ».
Ta maman qui t'aime....