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A l'horizon de toute vie, au terme du voyage
La Mort campe, impitoyablement patiente
Dangereusement efficace, méthodique
Nul être humain n'y échappe
Bailleresse de notre dernière demeure,
Austère et étroite, dans ce jardin aux morts
Auquel chaque jour qui passe nous rapproche
Inexorablement et sans sursis
Ce lieu où l'on ne voit point le bel éclat de fleurs
Où l'on entend point les chants des oiseaux
Où une épaisse brume de silence raisonne
Sur l'éternel sommeil des locataires,
Et s'agrippe, telle des lianes, aux arbres
Dressés le long de nombreuses allées
Comme une dernière haie d'honneur
Faite aux défunts.
A l'horizon de toute vie, au terme du voyage
La Mort campe, impitoyablement patiente
Dangereusement efficace, méthodique
Ne distingue pas le prince de la plèbe,
N'en déplaise aux cryptes de la monarchie ,
Ne distingue pas, non plus, l'érudit de l'illettré,
N'en déplaise au panthéon de la république
Et que dire des pyramides d'Egypte ?
La finalité demeure la même
Certains parleront de la Finitude
De l'homme arguant que la mort
Sommeil en chacun d'entre nous
Face aux ravages de cette Peste
Certains s'interrogent : Et Dieu dans tout ça ?
D'autres répliquent : Dieu est mort.
Quand toute l'Humanité convulse et agonise
Comme à Auschwitz ou au Rwanda
Qu'a Dieu à y voir ?
Triste Humanité ! qui consacre l'Homme
Et quand celui-ci dérape, accuse Dieu...
L'Homme est-il vraiment son propre maître ?
Jusqu'à quel degré maîtrise-t-il sa Nature ?
En réalité très peu de maîtrise,
Un certain mystère demeure,
Le transcende.
Certains attribuent ce mystère à Dieu
D'autres à Allah, à Shiva, à Jéhovah...
Il revient à chaque existence
À s'appliquer à en lever le voile...
A l'horizon de toute vie, au terme du voyage
La Mort campe, impitoyablement patiente
Dangereusement efficace, méthodique
Que voit-on de l'autre côté ?
Sont-ils à nous observer ravi d'avoir
Echapper à ce monde, ou au contraire
Contemplent –ils la comédie humaine
Avec le regret de ne plus y prendre part ?
Quelle vie pour l'enfant qui perd sa mère ?
Comment croire que l'on entendra plus ses sermons
Que l'on ne reverra plus son merveilleux sourire
Que plus, la douceur de ses mains vous rassurera
Et sa silhouette magnifique disparue à tout jamais...
Il convient pourtant de continuer votre voyage
Boules de chagrin au ventre, remonter la pente
Apprendre à vivre comme si on mourait demain