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Ne nous condamnez pas

Chris Levo,  le 02.12.2013


Au quotidien, on commet tous des erreurs.
Si certaines sont de moindre importance,
D'autres sont bien lourdes de conséquences
Et peuvent nous faire basculer dans l'horreur.

NE NOUS CONDAMNEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

J'ai omis de regarder la route avant de traverser ;
Par un chauffeur éméché, je me suis fait renverser.
Avant de me juger, essayez de creuser mon passé :
En fait, criblé de soucis, j'étais perdu dans mes pensées.

Me blâmant sans cesse de n'avoir été plus vigilant,
J'ai été hospitalisé avec commotion et multiples fractures.
Alors que des semaines après, je me suis remis de mes blessures,
Mon chauffard repenti milite désormais contre l'alcool au volant.

NE NOUS BLÂMEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

Tandis que je baignais mon bébé choyé,
Le téléphone sonne, communication urgente !
Déjà deux minutes, puis cinq, puis dix, puis trente...
Je l'ai retrouvé sans vie ; dans son bain, il s'est noyé.

Comment vais-je annoncer ce drame à mon mari
Et lui expliquer que quelques instants de distraction
Ont suffi à plonger notre foyer dans le chaos et la désolation ?
Inconsolable, j'ai tant pleuré sur mon drame que mes larmes ont tari.

Sans exception, on commet tous des erreurs.
Si certaines sont de moindre importance,
D'autres sont bien lourdes de conséquences
Et peuvent nous faire basculer dans l'horreur.

NE NOUS CONDAMNEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

La plupart des bévues passent inaperçues.
Pourtant la mienne, je la ressasse chaque jour :
Hélas, elle est ancrée en ma chair pour toujours.
Jamais je ne me remettrais de ce coup de massue !

SOUS LE CHARME DE CES SUBLIMES CREATURES,
EMPORTE DANS UN ENORME TOURBILLON D'EMOTIONS,
AUX DELICES DE LA CHAIR, J'AI SUCCOMBE SANS PROTECTION.
J'AURAIS POURTANT DU ME DOUTER DE L'ISSUE DE CETTE AVENTURE.

Peut-être avons-nous un peu forcé sur l'alcool !
Tout a été tellement vite que nous n'avons pu réaliser
Que nous foulions les préceptes que l'on s'était imposés.
En tout cas, cette nuit mémorable a été une des plus folles !

J'ETAIS SUBJUGUE PAR LEURS COURBES PARFAITES ;
DES VENUS DE MILO ABANDONNEES A MON PLAISIR !
UNE OPPORTUNITE QUE JE ME SUIS EMPRESSE DE SAISIR.
SANS RELACHE, JUSQU'A L'AUBE, NOUS AVONS FAIT LA FETE.

D'habitude extrêmement prudente,
Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait.
Son corps si musclé, la fièvre qui s'élevait...
Sa peau cuivrée, nos soupirs, cette passion ardente !

À L'ISSUE D'UNE NUIT EXTREMEMENT AGITEE,
DES HEURES APRES, J'AI RETROUVE MA LUCIDITE.
NOS CORPS NUS M'ONT ALORS RAMENE A LA REALITE.
J'ETAIS ANIME D'UN ENORME SENTIMENT DE CULPABILITE.

Avons-nous au moins pris soin de nous protéger ?
Pour en avoir le coeur net, nous devrions faire le test
Et libérer nos consciences troublées d'un terrible lest.
En tout cas, chacun sera fixé : condamné ou bien soulagé.

APRES DEUX INTERMINABLES JOURS D'EXPECTATIVE,
LES RESULTATS DU TEST HIV SONT ENFIN DISPONIBLES.
NOUS N'AVONS PU FERMER L'OIIL ; LA NUIT A ETE HORRIBLE.
SONNES, NOUS AVONS DU MAL A ADMETTRE CE QUI NOUS ARRIVE.

NE NOUS ACCULEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

Désabusée et effondrée, j'accuse le coup.
Je suis comme une condamnée à mort en sursis.
Au fil des mois, la séropositivité me tient à sa merci :
Je dors peu, je ne mange qu'à peine et maigris beaucoup.

MES PROJETS D'AVENIR SE SONT ECROULES !
À QUOI BON EPARGNER POUR MES VIEUX JOURS ?
DANS CINQ OU DIX ANS, CE SERA LA FIN DE MON SEJOUR !
QUOI QUE JE FASSE, JE SENS CHAQUE GRAIN DU SABLIER S'ECOULER.

Peu à peu, mes amis m'évitent ;
L'hypocrisie des voisins me lasse :
À mon passage, ils parlent à voix basse.
Je voudrais leur crier de ne pas me juger si vite !

NE NOUS INCRIMINEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

MEME SI LA VIE AUTOUR DE MOI SUIT SON COURS,
ANGOISSE, JE VIS TROP DANS LA PEUR DU LENDEMAIN.
REVOLTE, JE DECIDE ALORS DE ME PRENDRE EN MAINS,
REALISANT QUE DEPRIMER NE ME SERAIT D'AUCUN SECOURS.

Désormais, j'adopte une saine hygiène de vie.
Chaque jour qui se lève est une victoire sur la mort.
Quoi qu'il m'arrive, je me battrais contre mon sort !
Face à ma maladie, je m'investirai avec rage et envie.

MON QUOTIDIEN EST POURTANT UN CHEMIN DE CROIX :
MATIN, MIDI, SOIR, UNE TONNE DE PILULES A INGURGITER ;
DES JOURNEES A SUPPORTER LA DOULEUR ; DES NUITS AGITEES.
AUX EFFETS SECONDAIRES DES MEDICAMENTS, JE SUIS EN PROIE.

NE NOUS STIGMATISEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

Mon corps meurtri ne répond plus au traitement ;
À la moindre épidémie, je suis la première terrassée.
Encore hospitalisée pour longtemps, j'en ai plus qu'assez !
Je voudrais rentrer chez moi et vivre mes derniers jours paisiblement.

BIEN QUE DES PSYCHOLOGUES SOIENT A MON ECOUTE
ET QUE SUR MOI, TOUS LES JOURS, DES MEDECINS VEILLENT,
LA NUIT, MES CAUCHEMARS ME TIENNENT TOUJOURS EN EVEIL.
JE N'AI PLUS LE MORAL : CETTE LIBERTE SURVEILLEE ME DEGOUTE !

Aujourd'hui encore, mon corps n'est que douleur.
Le calvaire continue ! Où sont mes médicaments ?
L'infirmier n'est pas venu, je n'ai pas pris de calmants.
Abandonnée à moi-même, j'en vois de toutes les couleurs !

JE SENS QUE JE N'EN AI PLUS POUR LONGTEMPS !
LA SOUFFRANCE DEVIENT DE PLUS EN PLUS INTENABLE.
MA SANTE DECLINE, CES CONTRAINTES SONT INSOUTENABLES.
JE VOUDRAIS QU'ON SE SOUVIENNE DE MOI COMME D'UN BATTANT.

Chaque jour, on commet tous des erreurs.
Si certaines sont de moindre importance,
D'autres sont bien lourdes de conséquences
Et peuvent nous faire basculer dans l'horreur.

NE NOUS CONDAMNEZ PAS, LA VIE S'EN EST DÉJÀ CHARGÉE !

(14 / 11 / 2013 13 h 17’)

 

Commentaires

Chris Levo, 13.12.13, 21:14:28
Merci pour vos commentaires.
Ce poème a été composé pour donner la réplique à SECONDE CHANCE qui mettait chacun face à ses responsabilités et ses errements.
Celui-ci qui aborde un tout autre regard suscite plutôt un élan de compassion et de compréhension.
Ce poème s'identifie davantage à un mini-sketch retraçant les destins croisés de quatre personnages. Il est rythmé par le refrain d'un conteur qui redonne de l'allant au texte.
Monique Phoba, 11.12.13, 12:08:00
Cher chevalier de la Plume, si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer. Quel enthousiasme, quelle ardeur et quel plaisir de te lire : tu es comme Don Quichotte, rien ne te fait peur. Et j'aime suivre ton panache blanc, me précédant sur les chemins tumultueux de la poésie !
Filozof, 04.12.13, 22:40:57
Ce texte "très chargé" d'émotions traduit je crois l'INSOUTENABLE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE...

"Notre vie est légère, insoutenablement légère, légère comme un duvet, comme une poussière qui s'envole, comme une chose qui va disparaître demain"
Milan Kundera.

Richard Jean-Jacques, 03.12.13, 14:47:05
Dire j'aime à un texte comme celui-là relève peut être du sadisme et qui sommes nous pour condamner nos semblables?

Je dirais un texte fort, qui a, malheureusement, la nécessité d'exister et la force du courage d'avoir été écrit.
Chapeau bas

vinciane, 03.12.13, 9:14:55
Très beau poème . Il est merveilleusement bien écrit .
Félicitations,Christian .

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